De nombreux penseurs prônent un nouvel humanisme,
placé sous le signe de la fraternité.
Rencontre avec trois d’entre eux.
« L’homme est une invention dont l’archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine », nargue Michel Foucault en conclusion de l’essai Les Mots et les Choses. Cinquante ans plus tard, le verdict reste mitigé. L’antihumanisme trouve encore des défenseurs et des prolongements. Pourquoi l’homme vaudrait-il mieux que les autres vivants ? Au nom de quoi en faire une valeur, un principe directeur pour nos actions ? En outre, de « grands projets de civilisation » de l’époque moderne, comme le colonialisme ou certains rationalismes totalitaires, ont révélé que l’humanisme pouvait être un enfer pavé de bonnes intentions, une sorte de caution morale donnée aux errements idéologiques de leur temps. Et pourtant… L’humanisme séduit encore et toujours, quitte à verser parfois dans l’incantation morale. Sorti de cénacles intellectuels spécifiques – disciples de Foucault, Gilles Deleuze ou encore Karl Marx –, quel homme public oserait se dire « antihumaniste » aujourd’hui ? Quel candidat à un poste politique, par exemple, pourrait déclarer publiquement son hostilité aux droits de l’homme ? Au contraire, la tendance est à « l’humanisation » à tout va : de l’économie, du travail, de l’éducation… Pour comprendre ce retour en force, nous avons demandé à trois intellectuels, qui se définissent comme humanistes, quel sens pouvait encore avoir cette valeur d’« homme », pour aujourd’hui comme pour demain.
Retrouvez le dossier complet dans le numéro spécial de Sciences Humaines : Les grandes questions de notre temps. Avec les interviews d’Abdennour Bidar, philosophe, auteur de Histoire de l’humanisme en Occident (Armand Colin, 2014), Tzvetan Todorov, philosophe et historien, auteur notamment du Jardin imparfait : la pensée humaniste en France (Grasset, 1998), et Les ennemis intimes de la démocratie (Robert Laffont, 2012), et Jean Picq, haut fonctionnaire et professeur associé à l’IEP-Paris, auteur de Liberté de religion dans la République (Odile Jacob, 2014).