Archives de Catégorie: Sciences

De quoi héritons-nous ?

C’est la question posée dans le dernier dossier que j’ai dirigé pour Sciences Humaines (n° 70 – mars – avril – mai 2023), à découvrir en kiosque ou en ligne !

Nous sommes tous des homo sapiens. Mais notre ADN n’a pas manqué d’être métissé, notamment par les gènes des Néandertaliens et autres dénisoviens… Aujourd’hui, les avancées de l’épigénétique confirment à quel point les données géographiques, historiques historiques et sociales agissent sur l’expression de nos de nos gènes. Nous composons notre identité à partir de cet héritage à la fois génétique et culturel.

Qu’il soit matériel ou immatériel, l’héritage familial fait toujours l’objet de transformations. Les recettes de cuisine d’une grand-mère se retrouvent agrémentées des épices à la mode; les prénoms traditionnels laissent la place à ceux dans l’air du temps; quant aux choix politiques, les expériences personnelles remanient souvent les influences parentales. En matière de patrimoine, rien n’est simple !

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« Apprendre, c’est aussi acquérir une intelligence du geste »

Pour expliquer l’évolution de l’espèce humaine, assure le psychologue François Osiurak, il ne suffit pas de dire que les individus se sont copiés les uns les autres sans rien comprendre à ce qu’ils faisaient. Leurs dispositions cognitives ont nécessairement joué un rôle.

Cette interview est parue sur Cortex Mag, site du LabEx Cortex, dédié aux fondements biologiques de la cognition.

Pourquoi l’espèce humaine est-elle la seule à avoir développé une culture technologique aussi poussée ? Et comment est-elle parvenue à transmettre ces connaissances au fil des générations ? Ces questions, à la croisée de l’anthropologie, des sciences cognitives et de la philosophie, taraudent les chercheurs depuis longtemps. L’hypothèse la plus répandue pour y répondre est que cette évolution a été rendue possible par les capacités d’imitation de l’être humain. Reproduire fidèlement un geste technique même sans comprendre les principes qui le sous-tendent suffirait à en assurer la transmission. Même s’il lui reconnaît des mérites, François Osiurak, spécialiste de psychologie et de sciences cognitives, ne la trouve pas satisfaisante, comme il l’expliquait déjà à Cortex Mag en 2016. Pour lui, il ne peut y avoir d’apprentissage sans une intelligence du geste. Ses derniers travaux renforcent cette hypothèse.

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« Avatar met en scène deux formes d’écologie radicalement différentes »

Alors que la suite du blockbuster de James Cameron sort sur les écrans le 14 décembre, nous avons proposé à l’anthropologue Perig Pitrou d’analyser le premier opus. Par-delà nature et culture, quelles représentations du vivant se cachent derrière le message écologique du film ? Cette interview est parue dans le Journal du CNRS.

Grâce à son avatar, la scientifique humaine Grace Augustine (Sigourney Weaver) s’occupe d’enfants Na’vis, ici devant l’école qu’elle a créée avant que les choses ne se gâtent… ©Twentieth Century-Fox Film Corporation – Giant Studios – Lightstorm Entertainment

Le film Avatar et ses fameux Na’vis, extraterrestres à la peau bleue aux prises avec des Terriens avides de conquêtes, proposait en 2009 une fable écologique devenue le plus gros succès en salles de tous les temps. Quelle conception de la vie le film met-il en scène ?

Perig Pitrou (1). La première qualité de ce film est de présenter des singularités tout à la fois biologiques et sociotechniques. D’un côté, on croise sans cesse des formes de vie inconnues – animales, végétales, humanoïdes… – dans un environnement foisonnant. On découvre l’écologie de la planète imaginaire Pandora, notamment l’existence de systèmes de communication entre différentes espèces qui ne ressemblent à rien de ce que l’on connaît sur Terre.

La diversité des formes de vie (dans le film) est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux.

D’un autre côté, le film montre ce que cette communication implique d’un point de vue politique et social : les espèces vivent en communion les unes avec les autres, des cavaliers humanoïdes nouent un lien éternel et organique avec leur monture, les arbres parlent aux vivants et même aux morts… La diversité des formes de vie est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux. L’arrivée des humains sur cette planète, sous forme de complexe militaro-industriel et prédateur, accentue encore ce contraste. Ils ne comprennent pas ce qu’ils voient et tentent d’imposer leur vision du monde

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La culture, moteur de notre évolution

L’intelligence, le langage, les technologies humaines sont sans équivalents dans le reste du monde animal. Selon Kevin Laland, notre espèce a elle-même créé les conditions de ce développement exceptionnel.

Cette critique est parue dans Sciences Humaines (n°353 – décembre 2022), dans la rubrique « le livre du mois ». À découvrir en kiosque ou en ligne.

La Symphonie inachevée de Darwin, Kevin Laland, La Découverte, 2022, 450 p., 28 €

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Libre malgré tout ?

Battant en brèche l’idée de déterminisme et certaines thèses défendues dans le sillage des neurosciences, le philosophe Alfred Mele réhabilite le libre arbitre : nous bénéficierions bien d’une marge de manœuvre dans nos choix. Cette chronique est parue dans Management (n° 305, octobre – novembre 2022), à découvrir en kiosque ou en ligne. À lire pour aller plus loin : Le libre arbitre à l’épreuve de la science, d’Alfred Mele (Eliott éd., 2022)

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« On a trop longtemps considéré que l’intégrité scientifique allait de soi »

Le sociologue des sciences Michel Dubois dévoile les résultats de la vaste enquête CovETHOS sur l’intégrité et l’éthique des scientifiques à l’épreuve du Covid-19. Cette interview est parue dans Le Journal du CNRS.

Plus de 2000 personnes travaillant au CNRS ont répondu à l’enquête CovETHOS. ©Cyril FRESILLON / LAM / CNRS Photothèque

Qu’est-ce que l’étude CovETHOS sur l’intégrité scientifique dont vous dévoilez aujourd’hui les conclusions ?

Michel Dubois (1). Il s’agit d’une recherche participative financée par l’Agence nationale de la recherche, qui fait collaborer des sociologues et des « parties prenantes » de l’intégrité scientifique. Elle étudie la façon dont les scientifiques perçoivent l’impact de la crise Covid-19 sur l’intégrité scientifique et l’éthique de la recherche. L’enquête possède un versant qualitatif, à base d’entretiens et de groupes de discussions. Elle possède également un versant quantitatif, avec un questionnaire administré en ligne, entre avril et mai 2022, à un échantillon de plus de 2 100 agents du CNRS. Je tiens d’ailleurs à remercier ces nombreux participants.

L’idée est de saisir la variété des conséquences de la crise sanitaire sur le travail scientifique, mais également sur la familiarité et le respect des règles et des normes de l’intégrité scientifique. Plus généralement, nous prenons appui sur une enquête de 2007 conduite au CNRS par le politiste Daniel Boy pour décrire les grandes évolutions du sens de la responsabilité sociale des scientifiques (2).

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« Les scientifiques ne cherchent pas à décrire “la réalité” dans son ensemble »

Un grand système unifié permettrait-il de décrire l’intégralité de la réalité qui nous entoure ? Selon la philosophe Anouk Barberousse, il semble aujourd’hui plus fécond de privilégier une variété de points de vue et d’objets de recherche.

Cette interview est parue dans La Recherche (n° 571, octobre – décembre 2022), à retrouver en kiosque ou en ligne.

Anouk Barberousse est professeure de philosophie des sciences à Sorbonne Université, membre du laboratoire « Sciences Normes Démocratie ». Elle a notamment codirigé un Précis de philosophie des sciences (De Boeck Supérieur, 2011) et une introduction à La philosophie des sciences au XXe siècle (Flammarion, 2011).

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Le docteur Philippe Charlier, des cadavres exquis à l’initiation au vaudou

Médecin anthropologue, ce scientifique aujourd’hui directeur de la recherche et de l’enseignement au Musée du quai Branly étudie avec une insatiable curiosité des phénomènes surnaturels ou inexplicables, au point d’avoir été initié au vaudou. Avec, en toile de fond, la question du rapport entre les vivants et les morts.

Ce portrait est paru dans Le Monde des religions. À découvrir sur le site du Monde (abonné·es).

Philippe Charlier au Musée du quai Branly, le 16 octobre 2018. © THIBAUT CHAPOTOT / MUSÉE DU QUAI BRANLY

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« Les trajectoires des scientifiques en exil sont trop souvent mal connues »

Depuis plus d’un siècle, la France développe une politique d’accueil pour les chercheurs et chercheuses obligés de fuir leur pays, comme aujourd’hui en Ukraine. Pascale Laborier, à l’initiative du Programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil (Pause) et d’une exposition consacrée à ces exilés, nous en explique les enjeux. Cette interview est parue dans Le Journal du CNRS.

Montage de trois portraits de scientifiques contraints à l’exil, issus de l’exposition itinérante « Poser pour la liberté » ©Pierre-Jérôme Adjedj

Dès le début de la guerre en Ukraine, le Programme national d’accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil (1) (Pause) a diffusé un appel d’urgence auprès d’une centaine d’universités et d’établissements de recherche…

Pascale Laborier (2). Oui ce programme facilite la prise en charge d’universitaires contraints de quitter leur pays lorsque la situation sur place met leurs travaux ou eux-mêmes en danger. En février dernier, les chercheurs et chercheuses ukrainiens étaient donc particulièrement concernés. Pause a permis une aide financière exceptionnelle de trois mois pour les aider à accueillir scientifiques et artistes ukrainiens. Cela s’ajoute à nos actions dans les universités : Pause co-finance l’accueil de chercheuses et de chercheurs en exil à hauteur maximale de 60 %, tandis que 40 % de leur salaire sont pris en charge dans les établissements. Et le réseau Migrants dans l’enseignement supérieur (MEnS), créé en 2016, qui a pour objectif de mettre en œuvre des actions pour favoriser l’insertion académique des personnes exilées, chercheurs et étudiants.

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Le Giec, une institution sans équivalent

Depuis plus de trente ans, cette coopération internationale dresse un état des lieux des connaissances scientifiques sur l’évolution du climat. Quelles sont ses forces et ses faiblesses ? Comment s’est-elle remise en question pour faire évoluer son modèle ?

Cet article est paru dans Le journal du CNRS (n° 308, juin 2022). À retrouver en ligne ! Vous pouvez également télécharger directement un pdf en cliquant ici.

Un grand merci pour leurs éclairages à :

  • Anouk Barberousse, professeure de philosophie des sciences à Sorbonne Université, membre du laboratoire « Sciences Normes Démocratie »
  • Kari De Pryck, chercheuse post-doctorante en sciences politiques, relations internationales et politiques de l’environnement. Associée au Pacte, laboratoire de sciences sociales de l’Université de Grenoble et du CNRS, elle vient de publier Giec, la voix du climat (Sciences Po, 2019).

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