Archives de Catégorie: Pop culture

Plus belle la vie, miroir des questions sociales

Cette chronique est parue dans Sciences Humaines (n° 358 – mai 2023). À lire pour aller plus loin : Du savon et des larmes. Le soap opera, une subculture féminine, Delphine Chedaleux, Amsterdam/Les Prairies ordinaires, 2022.

La série culte Plus belle la vie s’est interrompue en novembre dernier, après avoir battu tous les records : 18 saisons, 4 666 épisodes, plus de six millions de téléspectateurs… Comment expliquer ce succès ? Outre des intrigues à quatre bandes et un suspense insoutenable, « le feuilleton s’avère pionnier dans la prise en compte de sujets considérés comme trop clivants pour la fiction française », souligne l’historienne des médias Delphine Chedaleux.

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Le hip-hop, un art enfin légitime ?

En 2022, les artistes ayant vendu le plus d’albums en France étaient tous des rappeurs : Orelsan, Ninho, Gazo, Jul ou encore Lomepal trustent le top 10, ne concédant que trois places à des artistes pop (Stromae, Angèle et Clara Luciani). Mais sont-elles valorisées comme des œuvres d’art à part entière ?

Les musiques hip-hop se sont démocratisées et gentrifiées depuis leur émergence dans les années 1980 ; plus d’une personne sur trois en écoute aujourd’hui. Pour autant, tempèrent les sociologues Karim Hammou et Marie Sonnette-Manouguian, « Le rap peut encore nourrir peurs et fantasmes, être au cœur de formes d’illégitimation artistique, culturelle ou politique. »

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Le vampire, patchwork de nos peurs

Cette chronique est parue dans Sciences Humaines (n° 356 – mars 2023). À lire pour aller plus loin : Ainsi se meuvent les vampires. Essai sur la variation du sens, Arnaud Esquerre, Fayard, 2022.

Artwork pour la saga La Lignée, de Guillermo del Toro et Chuck Hogan

Les vampires sont les créatures les plus intéressantes du genre « horreur/fantastique ». Ils sont plus intelligents que les zombies, ont une vie émotionnelle plus riche que les loups-garous, et paraissent plus dangereux que les fantômes. Pour cause, ils sont un mélange de tous les monstres qui hantent l’Europe depuis le 18e siècle, leur empruntant à chaque fois les caractéristiques les plus effrayantes et fascinantes.

Dans son enquête sur le sens du mot « vampire » à travers l’histoire, le sociologue Arnaud Esquerre montre que ce nom à l’étymologie mystérieuse désigne d’abord des morts qui s’en prennent aux vivants. Le terme apparaît notamment en 1746, dans un traité du moine lorrain Augustin Calmet, mais aussi dans des articles philosophiques ou médicaux. En plein siècle des Lumières, les intellectuels recherchent une définition scientifique de la mort et s’interrogent sur le traitement à réserver aux cadavres. Il n’est pas étonnant que le mythe du mort-vivant émerge au même moment…

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« Selon la théorie des Anciens astronautes, l’espèce humaine doit sa genèse à l’entremise de mystérieux extraterrestres venus sur notre planète »

De la Bible à la paléontologie, Wiktor Stoczkowski passe au crible les récits d’origine de l’humanité, dont celui de la « théorie des Anciens astronautes », qui connaît aujourd’hui un regain de popularité. L’anthropologue interroge ainsi nos critères de définition de la « rationalité ».

Un agroglyphe dans un champ de blé a été découvert par un agriculteur selon les médias locaux, près du Mémorial national canadien, à Vimy (Pas-de-Calais), le 11 juillet 2020. © PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Que disent de nous les récits des débuts de l’humanité ? Y en a-t-il vraiment de plus « rationnels » que d’autres ? Wiktor Stoczkowski, anthropologue, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Ehess), tente d’y répondre dans l’ouvrage À La Recherche d’une autre Genèse. Anthropologie de l’« irrationnel » (La Découverte, 460 pages, 15 euros).

À travers notamment l’étude d’un mythe en apparence ubuesque, celui des Anciens astronautes – qui connaît une popularité nouvelle depuis la diffusion de la série à succès Ancient Apocalypse, sur Netflix –, l’ouvrage ambitionne de poser « les bases d’une anthropologie des savoirs occidentaux, nécessaire pour comprendre non seulement les idées “irrationnelles” qui offensent notre sens commun, mais aussi celles que nous tenons pour emblématiques de la rationalité ».

Cette interview est parue dans Le Monde, cliquez ici pour lire l’intégralité (abonné·es)

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Super-héros : que disent-ils de nous ?

Si les super-héros séduisent, c’est aussi parce que leurs aventures mettent en scène des dilemmes moraux, psychologiques ou encore politiques que nous partageons tous.

Cette série d’articles est parue dans un hors série de Ça m’intéresse (hors série n° 3, décembre 2020 – janvier 2021), en partie repris dans un numéro plus récent (hors série n° 17, septembre -octobre 2022).

Question d’identité

Suffit-il de tomber le masque ?

Les costumes des super-héros sont une source inépuisable d’interrogations sur l’identité : qui sommes-nous et qu’est-ce qui nous définit ? Au premier abord, ces surhommes en collants se déguisent pour dissimuler leur état civil. Mais en même temps, ces costumes font aussi partie de ce qu’ils sont. Ce serait une erreur de définir Peter Parker comme « un étudiant en sciences », et Spider-Man comme « son déguisement ». Parker est à la fois cet étudiant, l’homme araignée, et bien d’autres choses encore : un ami, un amoureux, un employé, un neveu, etc.

À l’encontre d’une tradition philosophique héritée de Platon, affirmant que l’identité ou « l’essence » se cacherait toujours au-delà des apparences, les costumes des héros suggèrent, dans le sillon de Nietzsche, qu’il n’y a que des apparences. On peut même aller plus loin : il y a parfois plus de vérité à la surface que dans les profondeurs, plus d’honnêteté dans un masque que sur un visage dénudé. Après tout, la facette « super-héroïque » de leur identité n’est-elle pas ce qui définit le mieux les super-héros ?

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Pourquoi craque-t-on pour les chatons mignons ?

Cette chronique est parue dans Sciences Humaines (n° 355 – Février 2023). À lire pour aller plus loin : Trop mignon ! Mythologies du cute, Vincent Lavoie (Alpha, 2022), et Le Pouce du panda, Stephen Jay Gould (1979)

Succès monstre de l’été dernier, Stray est un jeu vidéo permettant d’incarner un chat roux aux grands yeux verts. On déambule à pas feutrés dans une ville futuriste, en bondissant avec grâce de toits en gouttières. On se fait caresser le dos par un robot en ronronnant, on saute sur les cuisses d’un employé de bureau, on fait tomber un objet du bout de la patte pour attirer son attention… Cerise sur le souriceau : le joueur peut appuyer sur un bouton pour faire « miaou » à l’écran. Mais pourquoi craque-t-on ? Dans son essai sur le « mignon », l’historien de l’art Vincent Lavoie cherche l’origine de cet attachement.

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« The good place », un ticket pour le paradis ?

Cette chronique est parue dans Sciences Humaines (n° 354 – Janvier 2023). À lire pour aller plus loin : Comment être parfait, Michael Schur (Philosophie magazine Éditeur, 2022).

À sa mort, Eleanor est accueillie au paradis. Le responsable des lieux lui explique qu’elle a mérité sa place, compte tenu de ses bonnes actions. Mais en découvrant le brillant CV qu’on lui attribue, Eleanor comprend qu’elle a été confondue avec une autre ! En réalité, elle a toujours été un monstre d’égoïsme et de méchanceté… Craignant d’être démasquée, elle oblige un chercheur en philosophie morale à lui apprendre comment devenir une bonne personne.

Ce scénario est le point de départ de la série américaine The Good Place, monument d’humour absurde et de philosophie éthique. Le créateur, Michael Schur, a travaillé dès le départ avec des universitaires pour mettre en scène des dilemmes crédibles et épineux, sur lesquels les philosophes planchent encore.

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« Avatar met en scène deux formes d’écologie radicalement différentes »

Alors que la suite du blockbuster de James Cameron sort sur les écrans le 14 décembre, nous avons proposé à l’anthropologue Perig Pitrou d’analyser le premier opus. Par-delà nature et culture, quelles représentations du vivant se cachent derrière le message écologique du film ? Cette interview est parue dans le Journal du CNRS.

Grâce à son avatar, la scientifique humaine Grace Augustine (Sigourney Weaver) s’occupe d’enfants Na’vis, ici devant l’école qu’elle a créée avant que les choses ne se gâtent… ©Twentieth Century-Fox Film Corporation – Giant Studios – Lightstorm Entertainment

Le film Avatar et ses fameux Na’vis, extraterrestres à la peau bleue aux prises avec des Terriens avides de conquêtes, proposait en 2009 une fable écologique devenue le plus gros succès en salles de tous les temps. Quelle conception de la vie le film met-il en scène ?

Perig Pitrou (1). La première qualité de ce film est de présenter des singularités tout à la fois biologiques et sociotechniques. D’un côté, on croise sans cesse des formes de vie inconnues – animales, végétales, humanoïdes… – dans un environnement foisonnant. On découvre l’écologie de la planète imaginaire Pandora, notamment l’existence de systèmes de communication entre différentes espèces qui ne ressemblent à rien de ce que l’on connaît sur Terre.

La diversité des formes de vie (dans le film) est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux.

D’un autre côté, le film montre ce que cette communication implique d’un point de vue politique et social : les espèces vivent en communion les unes avec les autres, des cavaliers humanoïdes nouent un lien éternel et organique avec leur monture, les arbres parlent aux vivants et même aux morts… La diversité des formes de vie est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux. L’arrivée des humains sur cette planète, sous forme de complexe militaro-industriel et prédateur, accentue encore ce contraste. Ils ne comprennent pas ce qu’ils voient et tentent d’imposer leur vision du monde

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Picsou, miroir de nos excès

Cette chroniques est parue dans Sciences Humaines (n° 353 – Décembre 2022). À lire pour aller plus loin : L’Économie et les sciences sociales selon Picsou, Thierry Rogel, L’Étudiant éd., 2022.

« The Fabulous Philosopher’s Stone », Carl Barks, 1955

Dans la bande dessinée La Pierre philosophale (1955), le canard le plus riche du monde découvre le trésor de Midas. D’après la mythologie grecque, cette pierre philosophale transforme tout ce qu’elle touche en or… y compris son possesseur ! Le roi Midas dut y renoncer car il ne pouvait même plus boire ni manger. Picsou commence aussi à se transformer avant d’être sauvé par ses neveux. Il regrette cependant de perdre l’occasion de changer ses plumes en or pour les revendre. Comme souvent, ce multimilliardaire incarne les dérives de la cupidité. Mais d’autres traits peuvent lui être prêtés selon les récits.

« Les histoires de Picsou présentent de manière exacerbée l’ensemble des attitudes possibles à l’égard de l’argent », relève le professeur d’économie Thierry Rogel : la cupidité mais aussi l’avarice, la prodigalité (ou dépense compulsive), l’ennui, le cynisme et le refus de l’argent. « Il s’agit là de dérives de comportements normaux, poursuit T. Rogel. En effet, désirer avoir de l’argent pour le dépenser et faire face à un imprévu est normal, le désirer pour lui-même ne l’est pas. Être économe est une vertu, avare un vice (…). Au fond, Picsou nous montre jusqu’où on ne doit pas aller. »

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Un jeu vidéo pour réviser la philo

Dans les rues de Paris, un SDF vous interpelle : « Je cherche un homme. » Vous avez le choix entre deux réponses : « Vous êtes perdu monsieur ? » ou « Et bien me voilà ! » Dans le premier cas, il répondra que c’est vous qui êtes perdu, et dans le second que vous ignorez ce qu’est un homme. Ce SDF provocateur, c’est Diogène de Sinope, philosophe emblématique du cynisme et premier protagoniste auquel vous êtes confronté dans le jeu vidéo Philo (Pocket Story) sur smartphone Apple et Android.

Cette application pédagogique permet de dialoguer avec dix auteurs classiques pour s’initier à leur pensée : Platon, La Boétie, Nietzsche… Huit scénarios supplémentaires doivent sortir plus tard. Bourré d’humour, servi par une direction artistique remarquable et solide sur le fond, c’est un parfait allié pour les lycéens en vue du bac – et pour les parents qui veulent se remettre à jour.

Cette brève est parue dans Sciences Humaines (n° 353, décembre 2022). Rendez-vous en kiosque et en ligne pour d’autres actualités.

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