Alors que la loi évolue pour offrir de nouvelles protections aux animaux, fondées sur une meilleure reconnaissance de leur sensibilité et de leur intelligence, la question de leur attribuer une personnalité juridique continue de faire débat.
Coécrit avec Laure Cailloce, cet article est paru dans la revue Carnets de Science #14 (printemps – été 2023).
La série culte Plus belle la vie s’est interrompue en novembre dernier, après avoir battu tous les records : 18 saisons, 4 666 épisodes, plus de six millions de téléspectateurs… Comment expliquer ce succès ? Outre des intrigues à quatre bandes et un suspense insoutenable, « le feuilleton s’avère pionnier dans la prise en compte de sujets considérés comme trop clivants pour la fiction française », souligne l’historienne des médias Delphine Chedaleux.
Que devons-nous faire ? La question est aussi ancienne que la philosophie. En France, elle est souvent abordée à travers la pensée antique, mettant l’accent sur la meilleure façon de vivre et d’agir. Elle est également abordée dans le sillage des penseurs allemands du 19e siècle, valorisant l’intention ou encore le sens de nos actions.
La philosophie utilitariste ou conséquentialiste, elle, se fonde sur une intuition plus pragmatique : la valeur morale d’une action dépend surtout de ses conséquences. Plus elle apporte de bonheur sans léser personne, meilleure elle est. En forçant à peine le trait : peu importe l’intention préalable ou la justesse avec laquelle on exécute une action, seuls comptent ses effets concrets sur le monde et sur les autres.
En 2022, les artistes ayant vendu le plus d’albums en France étaient tous des rappeurs : Orelsan, Ninho, Gazo, Jul ou encore Lomepal trustent le top 10, ne concédant que trois places à des artistes pop (Stromae, Angèle et Clara Luciani). Mais sont-elles valorisées comme des œuvres d’art à part entière ?
Les musiques hip-hop se sont démocratisées et gentrifiées depuis leur émergence dans les années 1980 ; plus d’une personne sur trois en écoute aujourd’hui. Pour autant, tempèrent les sociologues Karim Hammou et Marie Sonnette-Manouguian, « Le rap peut encore nourrir peurs et fantasmes, être au cœur de formes d’illégitimation artistique, culturelle ou politique. »
C’est la question posée dans le dernier dossier que j’ai dirigé pour Sciences Humaines (n° 70 – mars – avril – mai 2023), à découvrir en kiosque ou en ligne !
Nous sommes tous des homo sapiens. Mais notre ADN n’a pas manqué d’être métissé, notamment par les gènes des Néandertaliens et autres dénisoviens… Aujourd’hui, les avancées de l’épigénétique confirment à quel point les données géographiques, historiques historiques et sociales agissent sur l’expression de nos de nos gènes. Nous composons notre identité à partir de cet héritage à la fois génétique et culturel.
Qu’il soit matériel ou immatériel, l’héritage familial fait toujours l’objet de transformations. Les recettes de cuisine d’une grand-mère se retrouvent agrémentées des épices à la mode; les prénoms traditionnels laissent la place à ceux dans l’air du temps; quant aux choix politiques, les expériences personnelles remanient souvent les influences parentales. En matière de patrimoine, rien n’est simple !
Alors que la surconsommation épuise la planète, miser sur les bonnes volontés individuelles ne suffira pas, estime Thierry Ripoll. La solution devra être collective et politique. Cette interview est parue dans « Le monde en 2050 », les Grands Dossiers de Sciences Humaines n° 69 (Décembre 2022 – Janvier/Février 2023). À découvrir en ligne !
Alors que la suite du blockbuster de James Cameron sort sur les écrans le 14 décembre, nous avons proposé à l’anthropologue Perig Pitrou d’analyser le premier opus. Par-delà nature et culture, quelles représentations du vivant se cachent derrière le message écologique du film ? Cette interview est parue dans le Journal du CNRS.
Le film Avatar et ses fameux Na’vis, extraterrestres à la peau bleue aux prises avec des Terriens avides de conquêtes, proposait en 2009 une fable écologique devenue le plus gros succès en salles de tous les temps. Quelle conception de la vie le film met-il en scène ?
Perig Pitrou(1). La première qualité de ce film est de présenter des singularités tout à la fois biologiques et sociotechniques. D’un côté, on croise sans cesse des formes de vie inconnues – animales, végétales, humanoïdes… – dans un environnement foisonnant. On découvre l’écologie de la planète imaginaire Pandora, notamment l’existence de systèmes de communication entre différentes espèces qui ne ressemblent à rien de ce que l’on connaît sur Terre.
La diversité des formes de vie (dans le film) est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux.
D’un autre côté, le film montre ce que cette communication implique d’un point de vue politique et social : les espèces vivent en communion les unes avec les autres, des cavaliers humanoïdes nouent un lien éternel et organique avec leur monture, les arbres parlent aux vivants et même aux morts… La diversité des formes de vie est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux. L’arrivée des humains sur cette planète, sous forme de complexe militaro-industriel et prédateur, accentue encore ce contraste. Ils ne comprennent pas ce qu’ils voient et tentent d’imposer leur vision du monde
« The Fabulous Philosopher’s Stone », Carl Barks, 1955
Dans la bande dessinée La Pierre philosophale (1955), le canard le plus riche du monde découvre le trésor de Midas. D’après la mythologie grecque, cette pierre philosophale transforme tout ce qu’elle touche en or… y compris son possesseur ! Le roi Midas dut y renoncer car il ne pouvait même plus boire ni manger. Picsou commence aussi à se transformer avant d’être sauvé par ses neveux. Il regrette cependant de perdre l’occasion de changer ses plumes en or pour les revendre. Comme souvent, ce multimilliardaire incarne les dérives de la cupidité. Mais d’autres traits peuvent lui être prêtés selon les récits.
« Les histoires de Picsou présentent de manière exacerbée l’ensemble des attitudes possibles à l’égard de l’argent », relève le professeur d’économie Thierry Rogel : la cupidité mais aussi l’avarice, la prodigalité (ou dépense compulsive), l’ennui, le cynisme et le refus de l’argent. « Il s’agit là de dérives de comportements normaux, poursuit T. Rogel. En effet, désirer avoir de l’argent pour le dépenser et faire face à un imprévu est normal, le désirer pour lui-même ne l’est pas. Être économe est une vertu, avare un vice (…). Au fond, Picsou nous montre jusqu’où on ne doit pas aller. »
Cet ensemble d’axes économiques et commerciaux représente un projet phare du développement de la Chine. Mais sur le terrain, ce réseau est plus complexe et moins unilatéral qu’on pourrait le penser. Cet article est paru dans le Journal du CNRS.
À l’automne 2013, le président de la République Populaire de Chine dévoile un vaste projet de constructions visant à relier l’Orient et l’Occident. Ces nouvelles infrastructures – portuaires, ferroviaires, terrestres… – doivent aller de l’Est de la Chine jusqu’à la côte atlantique européenne. Dès l’inauguration, le président Xi Jinping érige ce projet en symbole de la modernité du pays et de son développement à l’international. Il dit aussi s’appuyer sur la traditionnelle « route de la soie », un réseau commercial historique de la Chine, dont l’origine se perd dans l’Antiquité.
Un imaginaire bâti sur des réseaux commerciaux
Cette référence donne l’image d’un pays fidèle à son passé et en même temps tourné vers l’avenir, dynamique et prospère de toute éternité. Toutefois, « l’expression “route de la soie” a été inventée par le géographe allemand Ferdinand Von Richthofen à la fin du XIXe siècle, relativise Adèle Esposito, chercheuse CNRS à l’Institut de recherche sur l’Asie du Sud-Est contemporaine (1) (Irasec). Des enquêtes de terrain lui avaient permis de comprendre qu’un réseau d’axes commerciaux reliait l’Asie à l’Europe. » La soie était l’un des produits phare de ce réseau, mais il y en avait d’autres – épices, tissus, matériaux…
Cette recension est parue dans Sciences Humaines(n° 351 – octobre 2022). Rendez-vous sur le site du magazine pour découvrir d’autres critiques de livres.
Voici plus de deux ans qu’intellectuels et politiques s’écharpent sur la question du « woke ». Pas d’inquiétude si ce mot ne vous dit rien, moins d’un Français sur dix voit de quoi il s’agit. Il sert à désigner un ensemble de luttes contre des discriminations raciales, sexuelles ou encore homophobes, dont le militantisme est dénoncé comme excessif.
Le débat s’est cristallisé sur des demandes de suppression de symboles racistes dans l’espace public (statues, noms de rue…), et de reconnaissance du caractère offensant de certaines productions culturelles (romans, films…) pour des personnes minoritaires ou marginalisées.