L’esprit français est-il soluble dans l’Europe ?

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Philosophie Magazine consacre son numéro de juin aux Français : sont-ils galants, gourmets, cartésiens, fiers de leur langue, xénophobes… ? Cette série d’articles éclaire aussi le désintérêt des citoyens pour les élections européennes

Ça ne prend pas, ça n’intéresse pas ; l’Europe n’aura pas mobilisé les foules ni les médias. Selon un sondage TNS Opinion mené du 4 au 15 mai à la demande du Parlement de Strasbourg, moins d’un Européen sur deux est sûr d’aller voter. La France est dans la moyenne avec 45% d’électeurs certains de se rendre aux urnes dimanche 7 juin. « Il est difficile aujourd’hui d’organiser de grands débats démocratiques à l’échelle de l’Europe, analyse la politologue belge Justine Lacroix dans Philosophie Magazine ; le débat, y compris sur les questions européennes, a encore lieu principalement au niveau national. »Interrogé lundi 1er juin sur Europe 1, l’ancien premier ministre Alain Juppé a déploré cette vision franco française des élections. « La gauche transforme ça en une espèce de vote anti-Sarkozy. La droite essaie au contraire d’en faire une sorte de victoire de la politique de l’UMP… » Justine Lacroix renchérit : même les polémiques autour du référendum sur la Constitution européenne, en 2005, étaient  un « débat national sur l’Europe »  plus qu’un « débat européen à proprement parler ». Les Français parlent aux Français, mais pas l’espéranto.

Tantôt ils entendent défendre leur singularité, menacée de se dissoudre dans l’ensemble européen. Tantôt ils entendent projeter le modèle français à l’échelle européenne. Gastronome (2), la France supporte mal une directive sur le vin rosé ou le camembert. Laïque (3), pour ne pas dire “laïquarde”, elle brandit la séparation de l’Église et de l’État quand d’autres, l’Allemagne en tête, veulent graver les racines chrétiennes dans le marbre constitutionnel (4). Résultat, les partis politiques ont préféré parler d’Europe à la française que de France à l’européenne. La droite est revenue à la charge sur la nation, la Turquie, l’immigration (5) ou encore l’insécurité (6) ; et la gauche a fait comme si toute l’Europe pouvait du jour au lendemain se convertir au modèle social de l’État Providence.

Dans ce climat, au lieu de faire semblant de parler de l’Europe à chaque scrutin européen, il conviendrait peut-être de faire le point sur ce modèle français (7), sur les principes et l’esprit de la singularité française, faite de grandeur et de fraternité, mais aussi d’arrogance (8) et de xenophobie…. Cela permettrait de décider en conscience sur ce à quoi nous ne voulons pas renoncer et ce que nous avons à proposer dans le concert des nations européennes.

Philosophie Magazine n° 30

(1) Les Français, indifférents à l’Europe ? (p. 40-41)
(2) Le Français, fines bouches ? (p. 56-57)
(3) Les Français, des mécréants ? (p. 52-53)
(4) Pourtant la rationalité et l’esprit critique – en un mot la philosophie – seraient des principes d’unité plus pertinents que la   religion, comme le montre notre Plaidoyer pour une Europe philosophique et notre carte exclusive des cours de philosophie en Europe (p. 16-19)
(5) Les Français, tous xénophobes (p. 46-47) et La république de la diversité (p. 45)
(6) Les Français, légalistes ou rebelles ? (p. 38-39)
(7) Existe-il un esprit français ? (p. 30-61)
(8) Les Français, trop fiers de leur langue ? (p. 50-51)

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Classé dans Philosophie, Politique, Société

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