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Un rapport parlementaire s’inquiète de l’état de la psychiatrie en France, faisant écho aux analyses de Michel Foucault
La société exclut les fous, mais aussi ceux qui les soignent. C’est l’une des conclusions du rapport présenté par le sénateur de Vaucluse Alain Milon au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (Opeps). Selon cette étude, publiée mercredi 3 juin, « à partir de cas tragiques, l’opinion publique a pu être encouragée à voir la personne atteinte de maladie mentale comme nécessairement incurable et récidiviste ». Quant aux soignants, cette « stigmatisation du malade rejaillit sur eux » : à quoi bon s’efforcer de guérir ceux qui ne pourraient pas l’être ? Résultat, 30 000 lits et places de soin ont été supprimés entre 1985 et 2005, alors que « l’une des particularités de la psychiatrie en France est l’ampleur de l’absence de prise en charge. »
Selon le sénateur des Yvelines Nicolas About, cette réduction des structures de soin se répercute sur les prisons : les magistrats condamnent des personnes atteintes de troubles psychiatriques ayant commis des actes criminels, car il n’y a pas de place disponible dans un établissement adapté. Mais pour Pauline Rehnter, chargée de mission au centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) cette corrélation n’est pas démontrée : le nombre de lits en psychiatrie est resté stable entre 2001 et 2005, soit 58 000, alors que le nombre de détenus est passé de 49 000 à 63 000 au cours de la même période. Néanmoins, 60% des personnes incarcérées seraient atteintes de troubles psychiatriques et 10 % seulement seraient suivies à ce titre.
Faut-il juger les fous ? Vaut-il mieux les soigner ? Existe-t-il une alternative à l’enfermement, en prison ou en hôpital ? Selon le philosophe Michel Foucault, les pouvoirs psychiatrique et judiciaire se sont entrecoupés au bénéfice d’une politique sécuritaire axée sur le traitement de la dangerosité. Dans son numéro de juin, Philosophie Magazine rappelle l’actualité de son analyse et présente en exclusivité une intervention de Robert Badinter sur ce sujet.