Archives de Tag: psychiatrie

L’empathie au cœur du jeu social

L’empathie au cœur du jeu social, Serge Tisseron, Albin Michel, 2010. Résumé et critique sur www.evene.fr

C’est un livre étonnant. Serge Tisseron manie les paradoxes avec aisance, mais aussi les évidences. C’est ce qui fait la richesse de cet essai : les thèses développées sont accessibles, parce qu’elles s’appuient sur des choses simples. En même temps, l’auteur montre les limites ou l’incomplétude de certaines idées reçues.

Par exemple : l’empathie ne se limite pas à la capacité de se mettre à la place de quelqu’un pour le comprendre. Elle est aussi le fait d’accepter que l’autre s’intéresse à nous. Ainsi, celui qui rétorque « de quoi tu te mêles ? » peut manquer d’empathie au même titre qu’une personne qui n’a pas de considération pour son entourage. Serge Tisseron part de ce constat pour définir une troisième forme d’empathie, où deux personnes se révèlent à elles-mêmes grâce au regard de l’autre.

Outre cette démonstration en trois temps, l’intérêt du livre est aussi de s’arrêter sur des cas concrets, issus de la culture populaire : films grands publics, émissions de télé réalité, jeux vidéo… Une fois n’est pas coutume dans un essai de sciences humaines, l’usage qui est fait de ces exemples ne semble pas artificiel. L’analyse est suffisamment détaillée pour aller au-delà d’une simple évocation. Elle témoigne d’une réelle connaissance des cas choisis. Cet effort d’ouverture s’inscrit dans un souci pédagogique plus large d’être compris. Le nombre de pages consacrées à la télévision et aux jeux vidéo est peut-être trop important en comparaison du reste, mais l’analyse reste passionnante.

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Folie : les malades et les docteurs à l’arrière-ban

Sur www.philomag.com

Un rapport parlementaire s’inquiète de l’état de la psychiatrie en France, faisant écho aux analyses de Michel Foucault

La société exclut les fous, mais aussi ceux qui les soignent. C’est l’une des conclusions du rapport présenté par le sénateur de Vaucluse Alain Milon au nom de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (Opeps). Selon cette étude, publiée mercredi 3 juin, « à partir de cas tragiques, l’opinion publique a pu être encouragée à voir la personne atteinte de maladie mentale comme nécessairement incurable et récidiviste ». Quant aux soignants, cette « stigmatisation du malade rejaillit sur eux » : à quoi bon s’efforcer de guérir ceux qui ne pourraient pas l’être ? Résultat, 30 000 lits et places de soin ont été supprimés entre 1985 et 2005, alors que « l’une des particularités de la psychiatrie en France est l’ampleur de l’absence de prise en charge. »

Selon le sénateur des Yvelines Nicolas About, cette réduction des structures de soin se répercute sur les prisons : les magistrats condamnent des personnes atteintes de troubles psychiatriques ayant commis des actes criminels, car il n’y a pas de place disponible dans un établissement adapté. Mais pour Pauline Rehnter, chargée de mission au centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) cette corrélation n’est pas démontrée : le nombre de lits en psychiatrie est resté stable entre 2001 et 2005, soit 58 000, alors que le nombre de détenus est passé de 49 000 à 63 000 au cours de la même période. Néanmoins, 60% des personnes incarcérées seraient atteintes de troubles psychiatriques et 10 % seulement seraient suivies à ce titre.

Faut-il juger les fous ? Vaut-il mieux les soigner ? Existe-t-il une alternative à l’enfermement, en prison ou en hôpital ? Selon le philosophe Michel Foucault, les pouvoirs psychiatrique et judiciaire se sont entrecoupés au bénéfice d’une politique sécuritaire axée sur le traitement de la dangerosité. Dans son numéro de juin, Philosophie Magazine rappelle l’actualité de son analyse et présente en exclusivité une intervention de Robert Badinter sur ce sujet.

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