L’empathie au cœur du jeu social, Serge Tisseron, Albin Michel, 2010. Résumé et critique sur www.evene.fr
C’est un livre étonnant. Serge Tisseron manie les paradoxes avec aisance, mais aussi les évidences. C’est ce qui fait la richesse de cet essai : les thèses développées sont accessibles, parce qu’elles s’appuient sur des choses simples. En même temps, l’auteur montre les limites ou l’incomplétude de certaines idées reçues.
Par exemple : l’empathie ne se limite pas à la capacité de se mettre à la place de quelqu’un pour le comprendre. Elle est aussi le fait d’accepter que l’autre s’intéresse à nous. Ainsi, celui qui rétorque « de quoi tu te mêles ? » peut manquer d’empathie au même titre qu’une personne qui n’a pas de considération pour son entourage. Serge Tisseron part de ce constat pour définir une troisième forme d’empathie, où deux personnes se révèlent à elles-mêmes grâce au regard de l’autre.
Outre cette démonstration en trois temps, l’intérêt du livre est aussi de s’arrêter sur des cas concrets, issus de la culture populaire : films grands publics, émissions de télé réalité, jeux vidéo… Une fois n’est pas coutume dans un essai de sciences humaines, l’usage qui est fait de ces exemples ne semble pas artificiel. L’analyse est suffisamment détaillée pour aller au-delà d’une simple évocation. Elle témoigne d’une réelle connaissance des cas choisis. Cet effort d’ouverture s’inscrit dans un souci pédagogique plus large d’être compris. Le nombre de pages consacrées à la télévision et aux jeux vidéo est peut-être trop important en comparaison du reste, mais l’analyse reste passionnante.