Un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme autorise le port de pendentifs religieux, sauf en cas de problème de sécurité ou d’hygiène. Les croyances, en revanche, ne peuvent pas être invoquées pour refuser de célébrer une union entre personnes de même sexe.
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Nadia Eweida avait été licenciée de British Airways en 2006 pour avoir refusé d’ôter son pendentif par dessus son uniforme © Sang Tan / AP / SIPA
Afficher sa religion au travail est un droit. Tel est le verdict de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui vient de condamner la Grande-Bretagne pour avoir interdit le port d’un crucifix à une hôtesse de l’air de la British Airways, la compagnie nationale de transport aérien. Nadia Eweida avait été sanctionnée en 2006 pour avoir arboré un pendentif sur son uniforme au guichet d’enregistrement. La justice britannique avait donné raison à son employeur, dont le règlement intérieur interdisait de tels bijoux. Mais la CEDH a estimé que c’était une discrimination et elle a condamné la compagnie à verser 27 000 €.
« Je suis très heureuse et satisfaite que les droits des chrétiens aient été défendu en Grande-Bretagne et en Europe », a réagi Nadia Eweida, citée par la BBC. Même le Premier ministre David Cameron s’est félicité, sur Twitter, « que le port des symboles religieux au travail ait été confirmé », assurant que les citoyens « ne devraient pas subir de discrimination en raison de leurs croyances ». La British Airways avait d’ailleurs pris les devants en modifiant, dès 2007, son règlement intérieur : elle autorise depuis le port d’un motif religieux en pendentif. L’arrêt de la CEDH peut cependant être contesté en appel à la Cour de Strasbourg.
La CEDH a débouté, par la même occasion, trois requérants qui s’estimaient également victimes de discrimination. Comme nous le rapportions en septembre 2012, une infirmière avait dû retirer son crucifix pour des raisons de sécurité et d’hygiène, la direction estimant qu’il y avait un risque de contact avec des blessures ouvertes ou des lésions… Par ailleurs, un conseiller conjugal et une employée d’État civil avaient évoqué, sur leur lieu de travail, des difficultés à célébrer des partenariats civils entre des personnes de même sexe pour des raisons religieuses. La CEDH a rejeté leur plainte, considérant que le droit de manifester sa religion doit « être mis en balance avec les droits d’autrui ». C’est au fond l’application d’une maxime bien connue des chrétiens comme des libéraux : la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.