Prix Nobel de la paix, le président Obama donne le feu vert aux assassinats ciblés. Une note secrète du ministère de la justice, révélée par le New-York Times samedi 8 octobre, donne une justification légale au meurtre sans procès d’Anouar Al-Aulaqi, un imam considéré comme le chef de la branche yéménite d’Al-Qaida.
S’il y a toujours eu des morts arbitraires en temps de guerre, c’est la première fois qu’un cadre juridique vient appuyer la possibilité d’une exécution sommaire. Cet assassinat serait licite, dès lors qu’Anouar Al-Aulaqi ne pouvait pas être arrêté vivant et faisait peser un risque imminent sur des innocents, détaille le mémorandum.
Le débat est vif aux États-Unis, d’autant qu’ Anouar Al-Aulaqi était détenteur de la citoyenneté américaine. Des avocats et juristes dénoncent une « justice sans procès », comme par exemple Bruce Ackerman dans la revue Foreign Policy. Côté politique, les Républicains ironisent : les frappes de drones ont été cinq fois plus importantes depuis le début du mandat d’Obama que durant… les deux mandats de Georges W. Bush.
À la mort de Ben-Laden, le président Obama a déjà suscité la controverse en déclarant : « justice est faite ». De fait, un tel assassinat ciblé oscille entre crime et légitime défense, désir de vengeance et mal nécessaire… Fallait-il tuer Ben-Laden ? Philosophie magazine pose la question et donne six réponses possibles : de Machiavel à Michel Foucault en passant par Kant ou encore Grotius, les tenants et aboutissants de chaque thèse sont expliqués.