Après son expérience à l’usine, la philosophe Simone Weil dénonce l’aliénation induite par des tâches répétitives et célèbre la « spiritualité » au cœur d’un authentique labeur, notamment dans son ouvrage sur La condition ouvrière (1951). Cette chronique est parue dans Management (n° 283, avril 2020). Rendez-vous sur le site de Prisma pour le télécharger ! À retrouver en prime : l’art de manager comme Le Prince de Machiavel. Découvrez en quoi la fougue serait utile aux leaders.
D’où vient votre intérêt pour le bouddhisme ?
De mon intérêt pour la sagesse, qu’elle soit d’Orient ou d’Occident. Mais quand j’étais jeune, ce thème paraissait obsolète en Occident : les philosophes contemporains semblaient avoir renoncé à chercher quelque sagesse que ce soit ! J’ai donc fait un détour par l’Orient, où cette quête me semblait plus vivace. Et j’ai vite rencontré le bouddhisme, dont je me suis senti beaucoup plus proche que de l’hindouisme ou du confucianisme. Pourquoi ? Parce qu’il est moins religieux que l’hindouisme et plus spirituel que le confucianisme. L’hindouisme prône l’assimilation du « soi » intérieur (« l’âtman ») au Soi absolu ou à l’âme universelle (« le Brahman »). Alors que le bouddhisme nie tout simplement l’existence d’un soi, que ce soit en moi ou en tout. C’est l’idée d’ »anâtman » : il n’y a pas d’identité substantielle, pas d’autre ego qu’illusoire. Quant au confucianisme, c’est un humanisme ritualiste et conservateur, très efficace dans la vie quotidienne, mais qui manque d’élévation spirituelle, de sens de l’absolu ou de l’éternité, enfin d’une dimension mystique.
Quels courants vous ont le plus intéressé ?
Je me suis d’abord penché sur le bouddhisme primitif : je cherchais ce qu’avait pu être la pensée originelle du Bouddha, avant que ses disciples, toujours trop pieux à mon goût, en aient fait une religion. Lire la suite