Débit, volume, rythme… Sans nous en rendre compte, nous adaptons constamment notre façon de parler à nos interlocuteurs. Un phénomène dit « de convergence » ou « d’alignement », étudié au Laboratoire Parole et Langage d’Aix-en-Provence.
Casque-micro sur la tête, je m’apprête à engager la discussion avec un ordinateur. L’expérience est pilotée au LPL par Leonardo Lancia, chercheur CNRS en sciences du langage.
La langue, c’est comme la politique ou l’éducation : tout le monde a des opinions et rares sont les personnes qui ont pu étudier le sujet de façon un tant soit peu poussée. Contrairement à la philosophie ou à l’histoire, les sciences du langage ne sont pas enseignées au lycée et ne font pas partie de la culture générale. C’est pourquoi Laélia Véron et Maria Candéa, deux linguistes, ont créé un podcast couronné de succès et aujourd’hui devenu livre.
« À force d’avoir les cheveux qui se dressaient sur la tête chaque fois que l’on entendait parler de la langue française dans les médias, on a décidé de sortir des salles de cours et des amphis. Expérience réussie car Parler comme jamais est un modèle de vulgarisation scientifique. L’ouvrage aborde une vingtaine de questions sur les langues et sur le français en particulier, des plus générales (Comment définir une langue ? ) aux plus pointues (Les robots peuvent-ils parler comme nous ? ) en passant par les débats d’actualité (Faut-il réformer l’orthographe ? , L’écriture inclusive est-elle un péril mortel ? , etc.).
Sciences Humaines (n° 333, février 2021) consacre son dossier de rentrée au langage. Comment apprend-on à parler ? Quelle est la force des interactions sociales ? Comment les langues évoluent-elles ? J’ai eu le plaisir de coordonner ce dossier, à découvrir en kiosque ou en ligne !
Les bébés maîtrisent leur langue en un temps record, bien plus vite que les adultes lorsqu’ils s’essaient aux langues étrangères. Comment expliquer la rapidité de cet apprentissage ? Quels sont les mécanismes cognitifs à l’œuvre ? Quelle est l’influence des autres et plus généralement du contexte dans lequel les enfants grandissent ?
9 bonnes raisons de découvrir le tout nouveau dossier sur le langage que j’ai dirigé pour @SH_mag ⤵️ https://t.co/99HV0f3VHK
Comme le montre ce dossier, les recherches récentes en sciences du langage ont dépassé la querelle de l’inné et de l’acquis au profit d’une vision médiane ou « interactionniste » : parler s’apprend au fil de relations complexes entre ce qu’un tout-petit peut et ce qu’il perçoit dans son environnement – le comportement des adultes comme celui d’autres enfants par exemple. Même des troubles du langage ayant apparemment une origine physiologique n’ont pas les mêmes conséquences d’un milieu social à un autre.
De fait, la parole ne se réduit pas au fait d’exprimer une pensée ; elle s’insère dans un ensemble de pratiques discursives et de codes sociaux. Elle est toujours en mouvement, susceptible d’évoluer au fil des générations, des époques et des environnements. Trop complexe pour se retrouver telle quelle dans la nature, chez d’autres espèces animales par exemple, mais aussi trop spontanée pour être rationalisée par une intelligence artificielle, elle garde encore une large part de mystère.
Une parole en l’air ne laisse pas de trace. Difficile, donc, de savoir quand l’humanité s’en est emparée ! Spécialistes en sciences du langage et primatologues ont longtemps estimé qu’elle était apparue il y a 200 000 ans : l’anatomie humaine s’est modifiée à cette époque, ce qui nous aurait permis d’articuler des consonnes et des voyelles comme aucune autre espèce d’hominidé. Cette thèse repose sur la « théorie de la descente du larynx », défendue par le chercheur américain Philip Lieberman à partir de 1969. Selon lui, les autres grands singes n’arrivaient pas à parler à cause de leur conduit vocal : leur larynx semblait situé trop haut pour qu’ils puissent produire différentes voyelles. Lire la suite →
Saviez-vous que Molière écrivait « ortografe », que le mot « autrice » était courant jusqu’au 17e siècle, ou que les abréviations genre « texto » étaient appréciées des moines copistes du Moyen Âge ? Cet essai pour tous publics regorge d’anecdotes savoureuses sur l’histoire de la langue française. Mais son propos est bien plus actuel : réforme de l’orthographe et de la grammaire, enseignement de la langue à l’école, féminisation du lexique et écriture inclusive… Ces débats souvent passionnels sont l’occasion d’une initiation claire et rigoureuse aux sciences du langage.
Les lecteurs et lectrices même néophytes peuvent ainsi comprendre comment se construit une langue, comment elle évolue, ou encore quels enjeux politiques et sociaux y sont attachés. Faire de la bonne vulgarisation scientifique tout en prenant parti dans des discussions brûlantes était une gageure, et certains passages comme ceux sur l’Académie française ou l’Organisation internationale de la francophonie ont des accents presque pamphlétaires. Mais le pari est réussi : si le propos est engagé, il reste toujours argumenté, éclairé, et souvent implacable. Lire la suite →
Même si vous êtes parfaitement bilingue, il y a de fortes chances que la phrase « I’ll kill him » vous choque moins que sa traduction française, « je vais le tuer ». Selon une série d’études rapportée par le magazine Scientific American, nous cautionnons plus facilement des actions moralement répréhensibles lorsqu’elles nous sont présentées dans une langue étrangère.
Le chercheur en psychologie Albert Costa, de l’université Pompeu Fabra (Barcelone), a soumis des volontaires bilingues au« dilemme du tramway » – une expérience de pensée classique en philosophie morale, qui revient à se demander si l’on pourrait volontairement tuer une personne pour en sauver plusieurs. En l’occurrence, 20 % des participants ont répondu « oui », quand ce choix leur était exposé dans leur langue native, contre 50 % lorsqu’il leur était soumis dans leur langue d’apprentissage. Lire la suite →
Loin d’être narcissiques et individualistes, ces autoportraits représenteraient une nouvelle forme de langage et de sociabilité.
Cette enquête est parue dans Version Femina (n° 743, semaine du 27 juin au 3 juillet 2016). Un grand merci aux spécialistes qui ont pris le temps de répondre à mes questions :
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