Archives de Tag: gender studies

Sexe et genre. De la biologie à la sociologie

Les comportements dits « masculins » ou « féminins » sont-ils des constructions sociales, ou biologiquement déterminés ? Cette question a fait couler beaucoup d’encre à l’occasion du mariage pour tous, des débats sur l’homoparentalité ou sur l’égalité des sexes. Au risque d’amalgames et de débats caricaturaux… L’originalité de cet ouvrage est de croiser les regards de biologistes, de sociologues, de philosophes et d’historiens pour tenter de reprendre la question à la racine.

Si les spécialistes de sciences naturelles paraissent attachés à la dualité des sexes biologiques et à son pouvoir explicatif – y compris pour certains comportements –, ils n’ignorent pas pour autant l’importance du contexte social et des biais qui peuvent affecter l’analyse scientifique. Les chercheurs en sciences humaines, de leur côté, soulignent les « biais de genre » conduisant à surinterpréter le fait biologique à l’aune de considérations morales et politiques plus ou moins conscientes.

Mais l’ouvrage ne se réduit pas à une confrontation de points de vue. Sa dernière partie adopte une perspective résolument interdisciplinaire pour tenter de répondre conjointement à des questions précises mais exemplaires : à quoi sert le clitoris des rats ? Comment se détermine le sexe de la bactérie wolbachia ? Au vu de ces analyses un peu pointues, la réalité du sexe et de l’identité sexuée ne paraît pas saisissable sous une unique perspective. C’est plutôt par l’entrecroisement de toutes les spécialités que ces phénomènes complexes semblent s’éclairer. Sexe & genre représente bien, à cet égard, un dialogue d’autant plus salutaire qu’il est apaisé.

Sexe & genre. De la biologie à la sociologie, Bérengère Abou et Hugues Berry (dir.), Éditions matériologiques, 2019, 224 p., 18 €. Cette critique est parue dans Sciences Humaines (n° 316, juillet 2019)

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Religion : quand les genres et les sexes se confondent

Les religions sont loin de parler d’une même voix de l’homosexualité, du travestissement ou encore de « troisième genre ». Si une attitude de rejet reste largement partagée, l’acceptation voire la valorisation de l’ambivalence sexuelle n’est pas anecdotique pour autant.

Cet article est paru dans un hors-série du Monde des religions, consacré au corps et au sacré (n° 30, juin 2018) – à découvrir en ligne !

Dans la mythologie hindoue, le dieu Shiva et la déesse Parvati s’épousent et se mêlent pour devenir Ardhanarishvara, « le seigneur androgyne ».

 

À lire pour aller plus loin :

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La révolution sexuelle à l’école

Après le mariage pour tous, le Gouvernement s’attaque aux inégalités hommes-femmes, et ce dès l’école primaire. Expérimentation à la rentrée dans 10 académies, dont celle de Lyon. Atteinte aux droits des parents, s’exclament les opposants, quand ils ne crient pas à l’irruption d’une “théorie du genre” dans les salles de classe.

Egalite-filles-garcons-C-Lefred-Thouron_image-gaucheOser le féminisme… dès la maternelle ! C’est l’ambition de la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, avec les “ABCD de l’égalité”, un kit pédagogique destiné à donner un coup d’élan à l’égalité filles-garçons à l’école.

L’enjeu : abolir les stéréotypes, traiter filles et garçons de la même façon… notamment en agissant au niveau des pratiques éducatives, et pourquoi pas en associant les parents. Une réflexion avec les éditeurs de manuels scolaires est aussi en cours.

Nouvelle occasion de donner de la voix pour les sites dédiés à la “Manif pour tous”, qui dénoncent dans ce programme une violation du droit des parents d’élever leurs enfants comme bon leur semble. Et pour l’Uni (syndicat étudiant proche de l’UMP) de lancer une pétition “contre la théorie du genre à l’école”.

Sur quoi se fonde le projet du Gouvernement (études, expériences locales), où en est la recherche sur les différences entre les filles et les garçons, qu’est-ce que la “théorie du genre” et quelle est la réalité de son implication dans cette politique… Lyon Capitale-le mensuel éclaire tous les aspects du dossier dans son numéro de rentrée.

Au sommaire :

Najat Vallaud-Belkacem © Tim Douet

– Entretien avec la ministre des Droits des femmes
Najat Vallaud-Belkacem défend la cohérence globale de son projet et s’explique sur la controversée “théorie du genre”.

Filles/garçons : quelle est la différence ?
Les chercheurs sont divisés : difficile de mesurer l’impact du biologique et du sociologique sur la construction de l’identité sexuelle.

Comment l’“idéologie du genre” est devenue un repoussoir polémique…  et qu’est-ce exactement ?

Lyon Capitale n° 725 (septembre 2013) est en vente en kiosques dès ce vendredi 30 août, et dans la boutique en ligne.

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Pour Benoît XVI, la théorie du genre légitime le mariage gay et la PMA

Dans un discours à l’occasion de l’assemblée plénière du Conseil pontifical Cor Unum, le pape Benoît XVI a dénoncé les études sur le genre, mais les conséquences qu’il lui prête sont inexactes.

Sur www.lemondedesreligions.fr

© Gregorio Borgia / AP / SIPA

© Gregorio Borgia / AP / SIPA

Le pape s’est à nouveau attaqué aux théories du genre, un courant de pensée associé à la légalisation du mariage gay. Dans un discours adressé aux participants de l’assemblée plénière du Conseil pontifical Cor Unum ­— consacrée à « La Charité, nouvelle éthique et anthropologie chrétienne » —, il appelé les chrétiens à dire « oui » au mariage fondé sur la réciprocité du masculin et du féminin, et « non » à « des philosophies comme celles du genre ». Pour l’Église catholique, cette théorie affirme que l’identité sexuelle n’est pas déterminée par la nature, mais imposée par la société et par la culture.

Benoît XVI dénonce « une anthropologie sur fond athée », qui présuppose « que l’homme soit réduit à des fonctions autonomes, l’esprit au cerveau, l’histoire humaine à un destin d’autoréalisation ». Abstraction faite de Dieu, ajoute-t-il, ce qui est techniquement possible devient moralement licite. Lire la suite

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Polémique sur le sexe de dieu

Un débat politique inattendu sur le genre de Dieu fait rage en Allemagne. Anecdotique, la querelle n’en est pas moins révélatrice de l’air du temps.

Sur www.lemondedesreligions.fr

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En Allemagne, les politiques débattent… du genre de dieu. C’est un entretien avec la ministre de la famille, Kristina Schröder, accordé à l’hebdomadaire Die Zeit, qui a mis le feu aux poudres. Alors qu’on lui demandait s’il était difficile de parler de dieu au masculin à une petite fille, la ministre a rétorqué : « L’article est sans signification, on pourrait aussi dire das liebe Gott », autrement dit recourir au genre neutre. La langue allemande connaît en effet un troisième genre grammatical : ni masculin — on dirait der liebe Gott — ni féminin (die).

Cette subtilité a soulevé un tollé, notamment chez les membres de l’Union chrétienne démocrate, le parti conservateur au pouvoir. Pour beaucoup de croyants, dieu est « le Père », et l’interprétation de Kristina Schröder relève du politiquement correct si ce n’est de la « sottise intellectuelle ». Mais la ministre tient bon et fait savoir, par le biais de son porte-parole, que dieu n’était « bien évidemment » ni homme ni femme, citant plusieurs ouvrages du pape Benoît XVI pour appuyer ses dires. Lire la suite

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« Laurence anyways » : leçon de genre au cinéma

Le nouveau film Laurence anyways du Québécois Xavier Dolan offre un point de vue peu fréquent en Europe sur le masculin et le féminin : les études de genre.

Sur www.lemondedesreligions.fr

L’acteur français Melvil Poupaud, dans le rôle de Laurence

Difficile d’expliquer les gender studies en France. Le troisième film de Xavier Dolan, Laurence anyways, présenté le 18 mai à Cannes dans le cadre de la sélection  « Un certain regard », lèvera peut-être quelques ambiguïtés. Ce courant philosophique américain, né dans les années 70 aux Etats-Unis, s’attache à l’étude du masculin et du féminin. L’une des principales thèses défendues, mais pas la seule, est l’idée qu’il s’agisse de constructions sociales indépendantes du fait biologique. Concrètement : on peut être un homme et se comporter comme une femme, et inversement. Il n’y aurait pas de raison physiologique d’être machiste ou soumis(e), rude ou coquet(te), etc…

Laurence anyways en donne l’exemple à travers le portrait d’un professeur de philosophie, en couple à Montréal, qui prend conscience à 30 ans de son désir d’être femme. Le paradoxe, c’est qu’il n’est pas homosexuel pour autant. Lire la suite

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Polémique : les gender studies dans les manuels scolaires

Des Catholiques se mobilisent contre un enseignement plus libéral de la sexualité

Sur www.philomag.com

CC / Pierre Metivier

Alors que le machisme est à la une des médias, c’est paradoxalement à l’école que les gender studies refont parler d’elles. Moins connu en Europe qu’aux Etats-Unis, ce courant de pensée considère entre autres que l’humanité ne se réduit pas aux genres masculin et féminin. « Alors que le « sexe » est une sorte de fait, le « genre » est une construction sociale », affirmait la spécialiste Judith Butler à Philosophie magazine, avant de renchérir : « Notre genre ne suit pas nécessairement notre sexe biologique ; d’autre part, notre désir n’épouse pas nécessairement ce « sexe » ni même ce « genre ». » Par exemple, un homme pourrait être efféminé et hétérosexuel, une femme féminine et homosexuelle… Il n’y aurait aucune corrélation. Lire la suite

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