Publiée en 2010, elle refait brutalement surface suite à la publication erronée d’une dépêche. Symptôme d’une montée des tensions ?
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« Les recruteurs préfèrent les chrétiens aux musulmans » : c’est le titre choc d’un article du Figaro, publié le 7 décembre, sur la discrimination à l’embauche. Une étude de l’Université de Stanford montre en effet que les chrétiens reçoivent 100 réponses après avoir envoyé un CV, contre 38 pour les musulmans. Pour établir ce résultat, les chercheurs ont envoyé des candidatures quasiment identiques, à compétences égales en tous cas. Seule différence : « Marie Diouf » est chrétienne, scout de France et collabore au Secours catholique ; « Khadija Diouf » est scout musulmane et aide au Secours islamique. Avec ou sans photo, le résultat est sans appel.
Publiée le 26 novembre sur le site d’actualité de l’université, l’information est immédiatement reprise sous forme de dépêche sur alarabiya.net — un site communautaire à dimension internationale. En France, des sites analogues y consacrent un article deux jours après, comme islamtoday.net et mooslym.com. Oumma.com embraye le 9 décembre, juste après la publication du billet sur Le Figaro. Seul hic : cette information n’a rien d’une nouvelle, l’étude ayant été publiée… il y a deux ans ! Mise en ligne le 22 novembre 2010 sur le site de l’université, elle est reprise par l’AFP le jour même et aura été abondamment commentée dans les médias français.
Pourquoi ressurgit-elle maintenant ? Sur le site de l’université de Stanford, c’est peut-être une erreur : l’information est rediffusée dans le canal réservé aux actualités alors qu’elle n’en est pas une… Par la suite, c’est clairement un choix. Al Arabiya reprend des citations d’une interview de l’époque, sans préciser que deux ans se sont écoulés. Islamtoday.net et mooslym.com indiquent, eux, que l’étude a été « menée en 2010 », ils estiment cependant qu’elle « reste d’actualité ». En revanche, Le Figaro.fr et Oumma.com ne semblent pas s’être aperçus de l’erreur — le second évoque « une nouvelle étude franco-américaine »… En tout cas, cette étonnante réactivité semble confirmer que la tension monte et que la discrimination de l’islam préoccupe au premier chef. De fait, l’opinion publique se radicalise en France.