Pas de politique ni de religion dans le métro parisien

La RATP a refusé d’afficher une campagne de lutte contre l’islamophobie, en vertu d’un principe de neutralité et de laïcité.

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L’affiche du CCIF censurée par la RATP

Politique et confessionnelle : c’est ainsi que la RATP qualifie la dernière campagne d’affichage du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) qu’elle a censurée en conséquence. Trois affiches n’ont pas eu droit de cité dans le métro parisien, toutes agrémentées du slogan « Nous (aussi) sommes la nation ». Elles représentaient les religions monothéistes, regroupées sous différents symboles républicains. Les musulmans étaient cependant mis en avant, l’idée étant de lutter contre l’islamophobie.

« Cette campagne vise à dénoncer les préjugés, les attitudes islamophobes et les discours stigmatisants qui divisent les citoyens au lieu de les rassembler »,résume le collectif. Mais selon le PDG de Média Tranports, la régie publicitaire de la RATP, « le caractère confessionnel des visuels ne peut être contesté en ce que les trois visuels utilisent des signes religieux ». Il estime par ailleurs que le slogan et l’utilisation d’un emblème de la nation française relève « d’une revendication politique ».

En vertu d’une exigence de neutralité et de respect de la laïcité, la régie publicitaire serait obligée de refuser ces affiches, conclut-il. Le CCIF s’étonne de cette décision, évoquant notamment la une du magazine Le Point sur « Cet islam sans gène », affichée dans le métro… Le collectif dénonce en conséquence « un contexte médiatico-politique qui rejette toute image normale de l’islam. Isabelle de Gaulmyn, chef du service Religion au journal La Croix, ironise sur son blog : « il ne doit pas toujours être facile d’être juriste à la RATP ». Et d’évoquer les publicités teintées de références à l’Église, celles pour le nouveau département des arts de l’Islam au Louvre ou encore la campagne pour le Secours catholique.

La RATP est régulièrement critiquée pour sa politique de modération. L’une des affiches de la série télévisée Ainsi soient-ils, consacrée à des séminaristes, avait été refusée pour « éviter de choquer », d’après la chaine Arte qui diffuse les épisodes. Côté politique, une affiche de l’humoriste Stéphane Guillon avait été censurée au motif qu’elle prenait partie dans la campagne présidentielle de 2012. Dans un autre genre, quelques années plus tôt, le choix de censurer la cigarette de Serge Gainsbourg ou la pipe de Jacques Tati — emblématiques — avait suscité de vives réactions.

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