Civitas, le christianisme et le mariage gay

Samedi 17 et dimanche 18 novembre, deux manifestations ont eu lieu pour s’opposer au projet de mariage pour tous, faisant écho à de vieux clivages au sein de l’Église catholique.

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Organisée par Civitas, la manifestation du dimanche 18 novembre contre le projet de mariage gay a rassemblé entre 9000 et 18 000 personnes à Paris © Thibault Camus/AP/SIPA

Au lendemain de la seconde manifestation contre le projet de mariage pour tous, un nom est sur toutes les lèvres : « Civitas ». Cet institut a appelé à défiler dimanche 18 novembre et aura rassemblé entre 9 000 à 18 000 personnes, mais il pourrait payer le prix de débordements — certains membres étant accusés d’avoir agressé des contre-manifestants et des journalistes, dont Caroline Fourest. Des députés exigent, en conséquence, la dissolution de ce mouvement. Sur le site officiel de l’institut, le secrétaire général Alain Escada dénonce une absence de preuve, mais ne conteste pas formellement les accusations.

En première ligne contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, Civitas se présente comme un mouvement politique engagé dans « le rétablissement d’un ordre chrétien ». Les militants se sont fait connaître du grand public en menant des opérations coups de poing, contre des pièces de théâtre ou des œuvres d’art jugées « christianophobes » (Gogota Picnic, Sur le concept du visage de Dieu, Piss Christ, etc.) . Pour le spécialiste du catholicisme d’extrême droite Jean-Yves Camus, comme pour beaucoup de politologues, c’est un mouvement « intégriste » qui veut faire entendre sa voix aux élections municipales de 2014.

Héritier de la mouvance contre-révolutionnaire, l’Institut Civitas est issu de la Cité catholique, un courant créé en 1946 par des intellectuels qui prêchaient l’avènement d’un ordre social chrétien. Lors du Concile de Vatican II, une partie s’oppose à la politique de modernisation et de libéralisation voulue par Jean-Paul II et se rapproche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X — non reconnue par l’Église. C’est ce mouvement, synthèse de lefebvrisme et de nationalisme identitaire, qui deviendra l’Institut Civitas.

Pour ne pas être confondus avec eux, environ 100 000 opposants à la réforme du mariage ont défilé la veille : athées, religieux de gauche et de droite, célibataire ou mariés, hétérosexuels ou non, etc… Parmi eux, beaucoup de chrétiens, comme la blogueuse catholique Frigide Barjot. « On remet en cause ce projet de loi, résume-t-elle, mais pas l’homosexualité qui est un fait et un enrichissement. » Si le secrétaire général de Civitas évoque une simple « différence de stratégie », une volonté de paraître « plus lisse », un clivage idéologique profond, depuis le Concile de Vatican II, s’est exprimé ce week-end.

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