Hollywood caricature à nouveau la Cène

L’affiche du blockbuster The Expendables 2 détourne la fresque du dernier repas de Jésus Christ.

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Jésus et ses apôtres… bodybuildés ? C’est l’image que propose la bannière du prochain film d’action de Sylvester Stallone, The Expendables 2, sur les écrans le 22 août. En compagnie des stars du cinéma d’action — Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis ou encore Jean-Claude Van Damme… —, l’interprète de Rambo campe un Jésus Christ plus amateur d’armes de poing que de pain et de vin.

Le traditionnel halo de lumière, qui émane du fils de dieu, a ici la couleur d’un coucher de soleil ou d’un brasier — c’est selon —, qui proviendrait de la fenêtre du fond. Visuellement, la caricature est plutôt réussie : les treize personnages sont représentés dans des postures similaires, et l’arrière plan reprend la même disposition que dans l’œuvre originale. Principal bémol, au plan esthétique : à gauche du tableau, le bras « flottant » de Jacques le mineur, en l’occurrence l’acteur Scott Adkins, est grossièrement dessiné…

Pour le reste, aucune interprétation particulière de la Cène ne semble se dégager. La bourse de Judas, par exemple, est remplacée par une arme blanche dans la main de l’acteur Dolph Lundgren — une manière de dire que « ça va saigner »? Rien qui ne semble très subtil en tous cas. Ça n’est pas la première fois que la Cène est détournée à des fins publicitaires. La méthode est même si fréquente qu’un site internet se dédie à l’archivage des meilleures caricatures : bandes dessinées, jeux vidéo, séries télévisées… et cinéma bien sûr.

La plus connue, en France du moins, valut un procès à ses créateurs : en 2005, l’association chrétienne « Croyance et liberté » — émanation de la Conférence des évêques de France — obtient la condamnation des créateurs de prêt-à-porter Marithé et François Girbaud pour « injure » faite aux Chrétiens. Néanmoins, la Cour de Cassation annule cet arrêt l’année suivante et déboute l’association.

Historiquement, cette fresque s’inscrit dans une longue tradition de copies. Dès le XVIe siècle, après la mort de Vinci, de nombreux édifices religieux en commandent à des peintres italiens — il était usuel de s’inspirer d’une œuvre voire de la reproduire. Les représentations plus transgressives apparaissent aux XIXe et XXe siècle, avec la gravure, la photographie, le cinéma… Certaines sont d’ailleurs devenues des classiques, comme l’interprétation de Salvador Dali réalisée en 1955. Léonard de Vinci a décidément marqué les esprits : à l’instar de ce tableau, la Joconde ou l’Homme de Vitruve figurent parmi les représentations les plus caricaturées au monde.

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