Conséquence de la décision prise par le tribunal de Cologne fin juin, qui avait condamné la circoncision d’un enfant pour motifs religieux, l’établissement suisse avait décidé début août de suspendre cette pratique.
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La circoncision religieuse est à nouveau autorisée à Zurich. L’hôpital pédiatrique avait suspendu cette pratique — conséquence de la décision du Tribunal de grande instance de Cologne fin juin — et mis en place un moratoire sur les enjeux éthiques et médicaux de cette opération. Les juges estimaient que l’ablation du prépuce pour motif religieux était une atteinte à l’intégrité physique de l’enfant et à sa liberté de conscience : causant des dommages irréversibles, elle ne lui laisserait pas le choix de sa religion.
Quelques hôpitaux se sont penchés sur cette question. Dans un communiqué publié vendredi, celui de Zurich annonce reprendre les opérations au cas par cas, en tenant compte « du bien de l’enfant » et en exigeant l’accord écrit des deux parents. Les mêmes conditions s’appliqueront aux opérations souhaitées, mais qui ne se justifient pas sur un plan strictement médical, par exemple des corrections de cicatrices ou toute forme de chirurgie esthétique.
Le porte-parole de l’Union des organisations islamiques de Zurich a salué le choix « raisonnable » de l’hôpital, rapporte le quotidien le Temps, assurant que les réserves du père ou de la mère doivent effectivement être prises en considération. La Fédération suisse des communautés israélites s’est également dite « satisfaite ». « Il est juste et bien, estime son président Herbert Winter, contacté par l’agence de presse ATS, que l’établissement exige l’accord des deux parents. » Tous nient porter préjudice à l’intérêt de l’enfant.
Le tribunal de Cologne avait jugé que la circoncision était une violation disproportionnée de l’intégrité physique, et que les parents pouvaient attendre que l’enfant soit en âge de choisir lui-même sa religion. Selon Francis Messner, spécialiste du droit des religions, contacté par le journal La Croix, ce débat suit « de la sécularisation des sociétés occidentales et de la difficulté du droit privé, basé sur la conception des droits individuels, à prendre en compte, aujourd’hui, les appartenances communautaires et religieuses des individus. »
Qu’est-ce qui doit primer : le droit de l’enfant, celui des parents ou celui de la communauté ? « La liberté de l’enfant est garantie dans l’éducation religieuse, assurait le rabbin Yann Boissière dans une interview au Monde des Religions. Les parents prennent certes pour lui la décision de le circoncire. Mais rien ne l’obligera pour autant, quand il sera en capacité de choisir, à aller à la synagogue ou aux cours de religion. » Par ailleurs, il estime que toute éducation laisse des traces, y compris physiques : quand un couple de parents laïcs imposent de faire du sport, de suivre un régime alimentaire ou certains traitements médicaux par exemple.