La religion au service de l’écologie, au sommet des peuples à Rio

Parallèle à la conférence Rio+20, consacrée au développement durable et à l’économie verte, le sommet des peuples revalorise les croyances indiennes dédiées à la nature.

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Des indigènes Potiguaras, dans le métro à Rio de Janeiro, le 16 juin © Christophe Simon / AFP

« Ils ne comprennent pas que nous vivons sur la même terre, déplore une jeune indienne aztèque. C’est notre responsabilité de faire quelque chose de bien pour la terre, pour toutes les belles choses qu’elle nous apporte. » La scène se déroule au sommet des peuples, en marge de la conférence de l’ONU sur le développement durable « Rio+20 », du 17 au 23 juin au Brésil. Cette contre-manifestation rassemble quelque 200 organisations écologistes et mouvements sociaux hostiles à ce qu’ils appellent le « capitalisme vert ». Ils considèrent que les Nations Unies manquent d’ambition en matière d’environnement.

L’initiative a séduit des Indiens venus de tout le pays. Guaranis, Tikunas, Tukanos, Gavioes… Quelque vingt ethnies sont rassemblées. La plupart sont adeptes du Candomblé, une religion afro-brésilienne qui mêle le catholicisme, des rites indigènes et des croyances africaines. Elle se fonde notamment sur l’idée que la nature a une âme. « Les éléments qui forment la planète sont la base du Candomblé : terre, air, eau et feu… », explique à l’AFP Renato de Obaluayê, prêtre de cette religion.

Rassemblés dans le parc Flamengo de Rio, la veille du sommet, ils allument un feu pour attirer les bons esprits, comme pour inaugurer une nouvelle ère. « Pour nous, le feu sacré signifie la lumière qui vient éclairer le nouveau chemin, explique Marcos Terena, membre du comité intertribal. C’est pour ça qu’on le célèbre au coucher du soleil : nous remercions le jour en regardant le soleil s’en aller, mais aussi en regardant les étoiles arriver ; la fumée représente la purification du lieu et de l’esprit. »

Comme la plupart des écologistes, il considère que le développement et la préservation de la nature peuvent aller de pair. « Mais il faut développer de façon moins agressive, précise Marcos Terena, et en faisant moins de profits. » Les connaissances environnementales des Indiens pourraient d’ailleurs offrir des pistes en matière de développement durable. « Je suis venue ici pour essayer de connaître des méthodes pour lutter contre le changement climatique, témoigne Erynne Gilpin, étudiante canadienne de 23 ans. Nous avons besoin de travailler hors du système et nous avons beaucoup à apprendre des Indiens ».

Parfois, même des officiels s’y intéressent, comme Jose Wiliam de Souza, responsable de l’environnement dans l’Etat du Ceará, au Nord-Est du pays. « Ici c’est le sentiment du peuple qui s’exprime. Ou bien la société civile s’implique, ou on n’arrivera à rien, commente-t-il avant d’ajouter : Rio Centro c’est l’institutionnel et le pouvoir de décision ». Une manière de glisser que l’épicentre du changement, toutefois, demeurerait au niveau institutionnel. Au sommet de peuples pourtant, la plupart des militants et des Indiens n’espèrent rien de l’ONU.

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