Archives de Tag: écologie

« Nous devrons nécessairement limiter notre consommation »

Alors que la surconsommation épuise la planète, miser sur les bonnes volontés individuelles ne suffira pas, estime Thierry Ripoll. La solution devra être collective et politique. Cette interview est parue dans « Le monde en 2050 », les Grands Dossiers de Sciences Humaines n° 69 (Décembre 2022 – Janvier/Février 2023). À découvrir en ligne !

Thierry Ripoll est professeur de psychologie cognitive à l’université d’Aix-Marseille. Il vient de publier Pourquoi détruit-on la planète. Le cerveau d’Homo sapiens est-il capable de préserver la Terre ? (Le Bord de l’eau, 2022).

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Classé dans Politique, Psychologie

« Avatar met en scène deux formes d’écologie radicalement différentes »

Alors que la suite du blockbuster de James Cameron sort sur les écrans le 14 décembre, nous avons proposé à l’anthropologue Perig Pitrou d’analyser le premier opus. Par-delà nature et culture, quelles représentations du vivant se cachent derrière le message écologique du film ? Cette interview est parue dans le Journal du CNRS.

Grâce à son avatar, la scientifique humaine Grace Augustine (Sigourney Weaver) s’occupe d’enfants Na’vis, ici devant l’école qu’elle a créée avant que les choses ne se gâtent… ©Twentieth Century-Fox Film Corporation – Giant Studios – Lightstorm Entertainment

Le film Avatar et ses fameux Na’vis, extraterrestres à la peau bleue aux prises avec des Terriens avides de conquêtes, proposait en 2009 une fable écologique devenue le plus gros succès en salles de tous les temps. Quelle conception de la vie le film met-il en scène ?

Perig Pitrou (1). La première qualité de ce film est de présenter des singularités tout à la fois biologiques et sociotechniques. D’un côté, on croise sans cesse des formes de vie inconnues – animales, végétales, humanoïdes… – dans un environnement foisonnant. On découvre l’écologie de la planète imaginaire Pandora, notamment l’existence de systèmes de communication entre différentes espèces qui ne ressemblent à rien de ce que l’on connaît sur Terre.

La diversité des formes de vie (dans le film) est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux.

D’un autre côté, le film montre ce que cette communication implique d’un point de vue politique et social : les espèces vivent en communion les unes avec les autres, des cavaliers humanoïdes nouent un lien éternel et organique avec leur monture, les arbres parlent aux vivants et même aux morts… La diversité des formes de vie est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux. L’arrivée des humains sur cette planète, sous forme de complexe militaro-industriel et prédateur, accentue encore ce contraste. Ils ne comprennent pas ce qu’ils voient et tentent d’imposer leur vision du monde

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Classé dans Philosophie, Politique, Pop culture, Sciences, Société

Les créateurs d’entreprises écolo, “encore trop souvent perçus comme de doux rêveurs”

Les entreprises à impact seraient de 10.000 à 15.000 en France, selon une étude BCG et Impact France, en partenariat avec Ipsos, pour un chiffre d’affaires estimé de 15 à 30 milliards d’euros. Si cet écosystème s’est professionnalisé, il peine encore à faire émerger des licornes, ces start-up valorisées à plus de 1 milliard de dollars. Les explications de Jean Moreau. Coprésident du mouvement Impact France, il est aussi cofondateur et dirigeant de Phenix, une appli mobile pour lutter contre le gaspillage alimentaire.

Cette interview est parus dans Management (n° 304 – août septembre 2022). À retrouver également en ligne.

Qu’appelle-t-on une «entreprise à impact» ?

Jean Moreau : C’est une boîte fondée sur deux grands principes : avoir un impact social et environnemental positif, et un partage aussi équitable que possible de la richesse et du pouvoir entre les dirigeants, les salariés et les investisseurs. Historiquement, le réseau Impact France est issu du mouvement des entrepreneurs sociaux et de l’économie sociale et solidaire (ESS). Notre spécificité est d’avoir une approche moins statutaire que l’ESS, qui regarde surtout si vous êtes une coopérative, une mutuelle ou une association.

Nous nous intéressons d’abord à votre activité. De ce point de vue, même une entreprise comme Leboncoin a un impact globalement positif – en généralisant l’achat-vente entre particuliers, en privilégiant les marchés d’occasion plus écologiques, etc. Dans un autre genre, j’ai fondé Phenix, une application permettant d’acheter à prix bradé des invendus alimentaires sur le point d’être jetés. Notre but est de valoriser des modèles à la fois éthiques et tournés vers l’économie traditionnelle. C’est une ligne de crête difficile à tenir, mais qui nous aidera – je l’espère ! – à devenir dominants.

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Classé dans Management, Société

« L’urgence environnementale est bien plus pressante aujourd’hui »

Selon Serge Morand, écologue et biologiste de l’évolution, les chercheurs en sciences de l’environnement et en écologie sont plus politisés qu’il y a vingt ou trente ans. Les projets alliant la recherche scientifique à l’action politique et impliquant des communautés locales se multiplient à travers le monde. Cette interview est parue dans Le Journal du CNRS.

 

Récolte de l’orge en France. L’agriculture est au centre de nombreux enjeux : sécurité, biodiversité, rapport de l’homme à la nature… © H. Rigel / Biosphoto / Biosphoto via AFP

 

Vous avez publié en 2016 un ouvrage intitulé La prochaine peste. L’épidémie actuelle était-elle prévisible ?

Serge Morand (1) : L’apparition du virus SARS-CoV-2 était une possibilité parmi d’autres. Personne ne pouvait savoir que nous affronterions cette épidémie en particulier, mais toutes les conditions étaient réunies pour qu’une maladie infectieuse émergente de ce type se propage à grande vitesse sur la planète. La mondialisation s’est accélérée : les transports aériens n’ont jamais été aussi nombreux et fréquents – ils ont augmenté de 1 200 % depuis les années 1970 ! Le tourisme international de masse a explosé, y compris dans des pays comme la Chine. Cette accélération de la mondialisation explique que l’épidémie actuelle soit beaucoup plus répandue que celle du SRAS de 2002 par exemple.

Aujourd’hui, un agent pathogène peu virulent passe relativement inaperçu les premiers temps, et peut donc circuler très largement avant que l’on ne prenne conscience de sa gravité. Ça a été d’autant plus vrai, en l’occurrence, que le SARS-CoV-2 est hautement transmissible. Malheureusement, il me semble qu’un certain déni a prévalu depuis une vingtaine d’années. Nous et nos institutions avons du mal à remettre en cause notre manière d’occuper la planète et de circuler. C’est un peu comme une crise économique : on voit bien que la bulle grossit, grossit… Mais on fait semblant de ne pas le savoir. Lire la suite

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Classé dans Politique, Sciences, Société

L’attention à l’épreuve du confinement

Collés comme jamais à leurs écrans, les télétravailleurs confinés découvrent qu’ils ont du mal à se concentrer tant ils sont assaillis de sollicitations. Yves Citton, notamment auteur de Pour une écologie de l’attention (Seuil, 2014), décrypte la tendance structurelle à capter notre intérêt et explique que focaliser son attention pourrait devenir un luxe réservé à quelques-uns.

Les télétravailleurs sont confinés chez eux et néanmoins assaillis de sollicitations : mails et appels professionnels, publicités pour des divertissements, nouvelles informations tous les quarts d’heure… Même à domicile, est-il devenu impossible de se concentrer ?

Yves Citton : L’attention est devenue une ressource rare et donc cruciale pour notre époque. Nous avons accès à une quantité de sollicitations bien supérieure à ce dont nous pouvons réellement prendre connaissance. Pour cette raison, capter notre intérêt est devenu l’enjeu d’une compétition féroce entre des acteurs économiques, politiques ou encore culturels. Ce n’est pas totalement nouveau : dans l’Antiquité, la rhétorique avait pour objet d’apprendre à capter, soutenir et ravir l’attention des juges ou des peuples assemblés sur l’agora. Mais cela se passait sur la place publique, les espaces domestiques étaient relativement préservés. Aujourd’hui, les nouveaux médias envahissent les domiciles et nous sollicitent constamment…

Comment font ces acteurs économiques pour détourner notre attention ?

YC : Chez soi, dans la rue ou ailleurs encore, nous évoluons désormais dans un environnement qui est comme truffé d’alarmes en tout genre, que j’appelle aussi des « saillances » : c’est quelque chose qu’il vous est impossible de ne pas remarquer…

Cette interview est parue sur Philonomist. Pour lire la suite, rendez-vous sur le site, profitez de 7 jours gratuits sans engagement ou abonnez-vous.

 

Yves Citton est professeur de littérature à l’université Paris-8 et codirecteur de la revue Multitudes. Il est notamment l’auteur de Pour une écologie de l’attention (Seuil, 2014) et, dernièrement, de Générations collapsonautes (Seuil, 2020), écrit en collaboration avec Jacopo Rasmi. Photo © Bertrand Gaudillère / Item

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Classé dans Internet, Management, Philosophie, Société, Travail

Internet : cliquer, c’est polluer ?

Écrire un mail, regarder une vidéo, publier des photos sur les réseaux sociaux : autant de gestes anodins mais loin d’être aussi écologiques qu’on ne pourrait le croire. État de lieux et astuces pour lever le pied !

Mon article est paru dans Version Femina (n° 865, semaine du 29 octobre au 4 novembre 2018). Merci pour leurs analyses et témoignages à :

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10 questions sur la COP21

On entend parler depuis des mois de cette conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se déroule à Paris du 30 novembre au 11 décembre. Mais de quoi s’agit-il au juste ?

Cet article est paru dans Version Femina (n° 710, semaine du 9 au 15 novembre 2015).

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Classé dans Politique, Société

La religion au service de l’écologie, au sommet des peuples à Rio

Parallèle à la conférence Rio+20, consacrée au développement durable et à l’économie verte, le sommet des peuples revalorise les croyances indiennes dédiées à la nature.

Sur www.lemondedesreligions.fr

Des indigènes Potiguaras, dans le métro à Rio de Janeiro, le 16 juin © Christophe Simon / AFP

« Ils ne comprennent pas que nous vivons sur la même terre, déplore une jeune indienne aztèque. C’est notre responsabilité de faire quelque chose de bien pour la terre, pour toutes les belles choses qu’elle nous apporte. » La scène se déroule au sommet des peuples, en marge de la conférence de l’ONU sur le développement durable « Rio+20 », du 17 au 23 juin au Brésil. Cette contre-manifestation rassemble quelque 200 organisations écologistes et mouvements sociaux hostiles à ce qu’ils appellent le « capitalisme vert ». Ils considèrent que les Nations Unies manquent d’ambition en matière d’environnement.

L’initiative a séduit des Indiens venus de tout le pays. Guaranis, Tikunas, Tukanos, Gavioes… Quelque vingt ethnies sont rassemblées. La plupart sont adeptes du Candomblé, une religion afro-brésilienne qui mêle le catholicisme, des rites indigènes et des croyances africaines. Elle se fonde notamment sur l’idée que la nature a une âme. « Les éléments qui forment la planète sont la base du Candomblé : terre, air, eau et feu… », explique à l’AFP Renato de Obaluayê, prêtre de cette religion.

Rassemblés dans le parc Flamengo de Rio, la veille du sommet, ils allument un feu pour attirer les bons esprits, comme pour inaugurer une nouvelle ère. « Pour nous, le feu sacré signifie la lumière qui vient éclairer le nouveau chemin, explique Marcos Terena, membre du comité intertribal. Lire la suite

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Classé dans Politique, Religion

Flopenhague, comme convenu

Sur www.philomag.com

Ils n’en attendaient pas grand-chose et n’ont pas trouvé de quoi se réjouir. Les philosophes, sociologues ou encore historiens sont peu intervenus dans les médias à l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur le Changement Climatique, qui se tenait du 7 au 18 décembre à Copenhague. Au mieux, ils ont souligné l’importance de l’enjeu et les carences du sommet. Dès novembre, le spécialiste de l’histoire du climat Emmanuel Le Roy doutait de la capacité des gouvernements à infléchir l’augmentation des températures. Il se dit inquiet, estimant que des périodes de réchauffement ont certes déjà eu lieu, mais que la régularité et la durée de cette augmentation au XXème siècle sont inédites.

Plus sceptiques encore, les philosophes sensibles aux mouvements écologistes et altermondialistes ont mis en cause la compatibilité du capitalisme et d’une solution au réchauffement climatique. Auteur de Cosmopolitiques (Les empêcheurs de penser en rond – La Découverte, 7 tomes) et plus récemment de Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient (Les empêcheurs de penser en rond – La Découverte, 2009), Isabelle Stenger juge que « on ne peut se fier au capitalisme pour réparer les dégâts dont il est responsable ». Elle fustige au passage la soumission à l’ordre établi et aux contraintes techniques. Pour elle, il faut revaloriser les principes de coopération et de collectivité. Dans un autre genre, l’agronome et philosophe Pierre Rabhi a renchéri lors d’un chat organisé par Libération : « je n’espère rien de sérieux de toutes ces grandes messes internationales, qui resteront impuissantes à changer les choses tant que la finance aura la prépondérance absolue ». L’Américain Michael Hardt met en perspective cette convergence de l’anticapitalisme et de l’écologisme (vidéo). Coauteur avec Toni Negri de Empire et multitude (Exils, 2000), un essai de référence sur l’altermondialisme, il estime que « Copenhague pourrait être le moment initial d’un nouveau cycle de luttes […]  Ce qui n’est pas encore clair, c’est si la résolution du problème climatique sera l’issue vers laquelle convergeront les différents combats, ou si l’écologisme et ces combats auront un autre but commun. »
Enfin, omniprésent pendant toute la durée du sommet, le philosophe Michel Serres ne s’est pas non plus fait d’illusion : « on ne rattrape pas si vite des années d’oubli ». Pour lui, le problème résulte notamment de la disparition de la classe paysanne et de la généralisation de la vie en agglomération. Il appelle en conséquence à reconsidérer l’être au monde de l’humanité, en y incorporant le concept de « Biogée », qu’il appelle ainsi « pour dire en un titre la terre et la vie ». Mais il estime que ce nouveau partenaire n’a pas été invité ni même représenté à la table des négociations de Copenhage. Rien n’a été décidé pour les absents en somme.

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A quand le retour des dirigeables dans le ciel de Paris ?

Au conseil régional d’Ile-de-France, on envisage sérieusement d’imposer des dirigeables pour le transport du fret. L’idée émane du conseiller régional francilien Jean-Marc Brulé, qui a commandé une étude sur cette alternative à l’avion.

Une nouvelle « air » commence. Le conseil général d’Ile-de-France a commandé une étude (1) au cabinet Ernst & Young sur la faisabilité de dirigeables gros-porteurs, qui seraient utilisés pour le fret lourd (pièces destinées à la construction d’un avion par exemple) ou même le transport de voyageurs. Un futur pas si lointain puisque les premiers « démonstrateurs » pourraient apparaître d’ici cinq à dix ans. Lire la suite sur www.newzy.fr

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