Avec AFP
Quand l’Occident dormira, vendredi 25 décembre, le philosophe chinois Liu Xiaobo sera fixé sur son sort. Cet écrivain et ancien professeur d’université a été jugé mercredi pour « subversion » plus d’un an après la publication de la « Charte 08 », un texte appelant à une démocratisation de la Chine dont il est l’un des signataires et initiateurs.Le choix de cette date pour prononcer la condamnation « ne doit sans doute rien au hasard, juge Philip Crowley, porte-parole du département d’État de Washington. La sentence sera connue le jour de Noël, de façon à attirer le moins d’attention possible. »
Liu Xiaobo est l’un des intellectuels chinois à considérer que les valeurs démocratiques et républicaines sont universelles. Contre le relativisme culturel, le texte de la Charte 08 affirme par exemple que le principe d’égalité « s’approche du concept politique traditionnel chinois qui estime que tous sont égaux sous le ciel ». Bref, comme l’explique le philosophe Xu Youyu : « les Occidentaux n’ont pas l’exclusivité de la démocratie ». Le gouvernement de Pékin affirme au contraire que ce qui est bon pour l’Occident ne l’est pas forcément pour la Chine, et déjà dénonce les « ingérences grossières » des pays européens à la moindre critique de ce procès. Liu Xiaobo, dont l’audience s’est déroulée à huis clos, encourt jusqu’à 15 ans de prison.
À (re)lire dans Philosophie magazine n° 29 (mai 2009) : « Trop occidentale, la charte 08 ? » (en résumé sur ce blog : cliquez ici).