Officiellement, plus de cinq millions de personnes seraient décédées du covid entre les mois de novembre 2019 et 2021. Mais le bilan réel serait de 12 à 22 millions de morts, d’après de nouvelles estimations mises en lumière mi-janvier par la revue Nature. Pour cause, les relevés statistiques ne sont pas aussi précis d’un pays à l’autre.

Cet article est paru dans Sciences Humaines (n° 346 – avril 2022). Retrouvez d’autres actualités de la recherche sur le site du magazine
La Chine est par exemple soupçonnée d’avoir minimisé son bilan en déclarant seulement 5 000 morts du covid en deux ans, pour une population de 1,4 milliard d’habitants. Des évènements graves, comme un conflit armé ou une catastrophe naturelle, peuvent aussi biaiser les statistiques : la guerre de 2020 au Haut-Karabagh aurait ainsi occulté des milliers de décès dus à l’épidémie.
Même lorsque les relevés semblent précis, ils ne sont pas toujours harmonisés à l’international. Au début de la pandémie par exemple, les Pays-Bas comptabilisaient uniquement les patients décédés après avoir été testés positifs, tandis que la Belgique recensait les morts non testés dès lors qu’ils avaient manifesté les symptômes de la maladie.
Des scientifiques ont donc estimé la part des « décès excédentaires » (« excess deaths » en anglais) dus au covid. C’est la différence entre le nombre de morts officiellement enregistrés et celui que l’épidémie devrait logiquement avoir entraîné. Ils tiennent compte de la contagiosité de la maladie, de sa létalité, ou encore du nombre de morts habituellement observé sur une année sans pandémie. Le calcul de la mortalité excédentaire n’est cependant pas une science exacte. La différence entre une année avec épidémie et une année sans peut par exemple dépendre d’un phénomène de vieillissement de la population, qui biaiserait aussi les résultats.
À LIRE : David Adam, « The pandemic’s true death toll. Millions more than official counts », Nature, janvier 2022.