Le gouvernement, qui s’était engagé à accueillir une aide humanitaire pour les musulmans birmans, a refusé sous la pression de la population.
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Des jeunes Rohingyas en Birmanie, minorité musulmane apatride considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde © Paula Bronstein / AFP
Les musulmans n’auront pas d’antenne en Birmanie. Le gouvernement a finalement refusé d’ouvrir un bureau permanent pour l’Organisation de la coopération islamique (OCI), bien qu’il ait donné son accord en septembre, « car cela n’est pas conforme au désir de la population ». Des milliers de moines bouddhistes ont effectivement manifesté contre ce projet, à Rangoun, Naupydaw, Mandalay ou encore à Pakokku. Selon l’AFP et RFI, ils brandissaient des panneaux tels que « Non à l’OCI », ou représentant le sigle de l’organisation barrée d’une grosse croix rouge.
Le dossier est sensible dans la société birmane, où des violences entre bouddhistes de l’ethnie rakhine et Rohingyas — une minorité musulmane apatride, considérée par l’ONU comme l’une des plus persécutées au monde — ont fait au moins 90 morts ces trois derniers mois. Le conflit dure depuis longtemps : les Rohingyas sont de plus en plus considérés comme un danger pour une identité birmane intimement associée au bouddhisme. La demande d’ouverture d’un bureau de l’OCI a, de ce point de vue, été perçue comme une provocation, résume le site Église d’Asie.
L’été dernier, l’OCI avait d’ailleurs obtenu d’ouvrir une antenne afin de leur venir en aide. Des représentants avaient constaté qu’une crise humanitaire grave pouvait se produire dans les camps de Rohingyas, où les conditions sanitaires et alimentaires étaient déplorables. Un accord de coopération a même été signé en septembre pour que l’OCI mette en œuvre des programmes à destination « de tous ceux qui avaient été victimes de violences intercommunautaires sans aucune discrimination », avance le directeur du département des minorités, Talas Daous.
Dimanche, le président Thein Sein est néanmoins revenu sur son refus. Il a assuré dans une conférence de presse qu’il accepterait l’aide de la communauté internationale, y compris celle des pays musulmans. « Concernant l’OCI, a-t-il déclaré, je ne fais pas de différence entre les religions ou les ethnies. Ils veulent donner de l’aide humanitaire et ils en ont donné. » Peu après, l’AFP rapportait que des heurts entre communautés avaient repris : un homme bouddhiste et deux femmes musulmanes auraient été tués, 340 maisons brûlées.