Les catholiques face à l’homoparentalité et l’euthanasie

Ces deux thèmes ont cristallisé le débat durant la campagne présidentielle et pesé sur le vote des catholiques pratiquants.

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© Mehdi Fedouach / AFP

Dimanche soir, place de la Bastille à Paris, de nombreux couples homosexuels ont fêté la victoire du socialiste François Hollande à la Présidentielle. Les drapeaux arcs-en-ciel côtoyaient les tricolores, des hommes ou des femmes s’embrassaient plus ostensiblement qu’à l’accoutumée… François Hollande l’a affirmé, dans la proposition n°26 de son programme.

« Pour assurer l’égalité des genres et des familles, nous ouvrirons le droit à l’adoption et au mariage pour tous les couples ». C’est d’ailleurs une différence nette avec Nicolas Sarkozy, qui s’est toujours prononcé contre l’homoparentalité au nom d’une conception plus traditionnelle de la famille. Le socialiste estime depuis longtemps qu’on ne peut pas accorder le droit d’adoption à un(e) célibataire et le refuser à un couple homosexuel.

Selon un sondage Harris Interactive pour La Vie , cette proposition socialiste passe mal auprès des catholiques pratiquants. 79% ont voté pour Nicolas Sarkozy, près de 40% indiquent que cette question a pesé. Pour l’Église, « La procréation ne doit pas être détachée de l’union sexuelle, elle-même légitimée par le mariage. », résume Martine Gross, chercheuse à l’EHESS et auteur de Choisir la paternité gay (Eres, janvier 2012). Autre point de clivage déterminant, d’après ce sondage : l’euthanasie. Là encore, près de 40 % des catholiques pratiquants qui ont voté UMP déclarent avoir été influencés par ce débat. Nicolas Sarkozy est partisan de rester dans le cadre de la loi Leonetti, qui facilite la fin de vie sous certaines conditions. François Hollande, lui, souhaite renforcer la prescription de soins palliatifs.

Deux facteurs expliquent l’importance prise par ces questions. Comme l’explique Frédéric Lenoir, directeur du Monde des Religions : « La plupart des catholiques français, et surtout les pratiquants, sont avant tout attachés à un système de valeurs fondé sur l’ordre et la stabilité (…) Nicolas Sarkozy l’a sans doute bien senti, lui qui, sur les lois de bioéthique, l’homoparentalité ou encore le mariage homosexuel, reste en conformité avec des positions catholiques traditionnelles. » D’autre part, ces thèmes sont deux des rares propositions concrètes qui ont opposé les candidats. Les débats ont souvent été idéologiques. Seule la question du droit de vote des étrangers aux élections locales les distinguait aussi nettement, mais leurs propositions en matière de politique migratoire étaient similaires. Sur la parité enfin, dernier grand sujet de société au programme des deux candidats, ils étaient sur la même ligne.

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