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Jadis substance pensante, aujourd’hui matière inerte, la tête de René Descartes fait encore parler d’elle. Des députés du Parti radical de gauche (PRG) proposent de transférer le crâne du philosophe, actuellement conservé au musée de l’homme de Paris, au Panthéon. Entre autres arguments, ils rappellent que ce transfert a été envisagé dès 1793. En effet, l’écrivain et député révolutionnaire Marie-Joseph Chénier avait alors obtenu le décret de la Convention nationale. Mais cette décision n’a jamais été appliquée.
À l’époque, « l’esprit cartésien a servi de symbole », explique François Azouvi dans Philosophie magazine (n° 30, juin 2009). Selon ce spécialiste de l’histoire politique et culturelle, les révolutionnaires ont érigé Descartes en précurseur de leurs idéaux. Plus tard, sous l’Empire puis aux premiers temps de la République, l’esprit cartésien a de nouveau été instrumentalisé dans des combats politiques, jusqu’à devenir un « symbole de la pensée française » *
Aujourd’hui, cette glorification se perpétue dans l’hommage que les parlementaires veulent rendre à l’auteur des Méditations. Il y a deux ans déjà, le premier ministre François Fillon souhaitait que le crâne soit transféré dans la Sarthe, au motif que Descartes y avait étudié quelques années. Pour un philosophe qui a fondé sa métaphysique sur l’oubli délibéré de son corps, c’est tout de même un comble.
Voir l’article : Les Français, d’irréductibles cartésiens ?