Archives de Tag: science-fiction

« Avatar met en scène deux formes d’écologie radicalement différentes »

Alors que la suite du blockbuster de James Cameron sort sur les écrans le 14 décembre, nous avons proposé à l’anthropologue Perig Pitrou d’analyser le premier opus. Par-delà nature et culture, quelles représentations du vivant se cachent derrière le message écologique du film ? Cette interview est parue dans le Journal du CNRS.

Grâce à son avatar, la scientifique humaine Grace Augustine (Sigourney Weaver) s’occupe d’enfants Na’vis, ici devant l’école qu’elle a créée avant que les choses ne se gâtent… ©Twentieth Century-Fox Film Corporation – Giant Studios – Lightstorm Entertainment

Le film Avatar et ses fameux Na’vis, extraterrestres à la peau bleue aux prises avec des Terriens avides de conquêtes, proposait en 2009 une fable écologique devenue le plus gros succès en salles de tous les temps. Quelle conception de la vie le film met-il en scène ?

Perig Pitrou (1). La première qualité de ce film est de présenter des singularités tout à la fois biologiques et sociotechniques. D’un côté, on croise sans cesse des formes de vie inconnues – animales, végétales, humanoïdes… – dans un environnement foisonnant. On découvre l’écologie de la planète imaginaire Pandora, notamment l’existence de systèmes de communication entre différentes espèces qui ne ressemblent à rien de ce que l’on connaît sur Terre.

La diversité des formes de vie (dans le film) est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux.

D’un autre côté, le film montre ce que cette communication implique d’un point de vue politique et social : les espèces vivent en communion les unes avec les autres, des cavaliers humanoïdes nouent un lien éternel et organique avec leur monture, les arbres parlent aux vivants et même aux morts… La diversité des formes de vie est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux. L’arrivée des humains sur cette planète, sous forme de complexe militaro-industriel et prédateur, accentue encore ce contraste. Ils ne comprennent pas ce qu’ils voient et tentent d’imposer leur vision du monde

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Littérature : le futur entre les lignes

De la révolte des robots aux apocalypses climatiques, la science-fiction imagine les conséquences de nos actions et de nos choix de société dans un futur souvent inquiétant. Elle participe ainsi aux débats sur le monde d’aujourd’hui.

Cet article est paru dans Carnets de science, la revue du CNRS (n° 12), à retrouver, en kiosque, en librairie ou en ligne ! Merci aux spécialistes de SF pour leurs éclairages et conseils de lecture :

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L’altération des mondes. Versions de Philip K. Dick

Philip K. Dick est l’un des écrivains les plus importants de science-fiction. Auteur d’Ubik, du Maître du haut château, des Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, il semble poursuivi par deux grandes questions : ce monde est-il réel ou illusoire, et sommes-nous lucides ou en proie à la folie ? Le philosophe David Lapoujade, spécialiste de Gilles Deleuze et du pragmatisme américain, s’efforce de reconstituer les intuitions de P. K. Dick sur ces questions, en s’appuyant sur ses fictions, essais, correspondances, ainsi que sur sa biographie.

Pour lui, le romancier met généralement en scène la disparition d’un monde jusqu’alors tenu pour objectivement réel et unique…Cette disparition lui permet de souligner en retour la puissance créatrice de la subjectivité : chaque point de vue apparaît comme l’expression d’un autre monde possible, tendant spontanément à se déployer. Beaucoup tentent même d’imposer leur réalité aux autres, usant notamment d’artifices et de technologies propres à la science-fiction, ce que D. Lapoujade appelle une « guerre des psychismes ». Cette lecture est d’autant plus passionnante que, même si l’auteur ne les nomme pas, il existe aujourd’hui des technologies numériques qui favorisent l’essor de représentations alternatives de la réalité.

Chez P. K. Dick, la défaite des protagonistes est fréquente et synonyme d’aliénation : quelque chose s’immisce dans leur monde et parvient à en prendre le contrôle, réduisant à néant leur vitalité et leur humanité. Dans les récits les moins tragiques, conclut D. Lapoujade, P. K. Dick réhabilite la figure du « bricoleur » et du hacker : ses héros sont des individus modestes voire marginaux, mais débrouillards et imaginatifs ; ils résistent et rapiècent un monde commun avec des bouts de l’ancien.

Cette critique est parue dans Sciences humaines (n°338 – Juillet 2021). Rendez-vous sur le site pour découvrir d’autres essais et publications !

L’altération des mondes. Versions de Philip K. Dick, David Lapoujade, Minuit, 2021, 152 p., 16 €.

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Quand l’homme joue à devenir un dieu

Créer une nouvelle espèce d’individu – éternel, omnipotent, omniscient… –, c’est le pari des plus radicaux dévots des nouvelles technologies, qui envisagent de transformer leurs corps et leurs esprits. Certains n’hésitent plus à baptiser cet homme de demain un « dieu » – mais en quel sens, et dans quelle mesure faut-il les prendre au sérieux ?

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Cet article est paru dans Le Monde des religions (n° 76, mars – avril 2016). À retrouver en ligne ou en kiosque. Un grand merci aux chercheurs qui ont accepté de répondre à mes questions :

À lire également : Demain, les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ?, du philosophe Jean-Michel Besnier (Fayard, 2010).

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