Archives de Tag: racisme

Rocky, la revanche du blanc

Cette chronique est parue dans Sciences Humaines (n° 344, février 2022)

Le 4 juillet 1910 aux États-Unis, le boxeur James Jeffries enfile les gants face à Jack Johnson, « dans le seul but de prouver qu’un homme blanc est meilleur qu’un Nègre ». Mais « le grand espoir blanc », comme le surnomment ses fans, prend une raclée, tandis que J. Johnson, enfant d’anciens esclaves et né dans l’extrême pauvreté, devient le premier Noir sacré champion du monde catégorie « poids lourds » de l’histoire de la boxe. Cette consécration était interdite aux Afro-Américains jusque-là. Beaucoup ne se priveront plus de truster le podium par la suite, comme Mohamed Ali dans les années 1960-1970, ou plus près de nous « Iron » Mike Tyson.

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Classé dans Histoire, Pop culture, Société

« L’activité politique de Proust est indissociable de son activité d’écriture »

Tout le monde connaît l’écrivain, mais Marcel Proust défendait aussi des idées politiques dont certaines sont restées d’actualité. Tour d’horizon avec la chercheuse Anne Simon, responsable du pôle Proust au sein de la République des savoirs (CNRS/ENS/Collège de France/PSL). Cette interview est parue dans Le Journal du CNRS.

Portrait de Marcel Proust (1871-1922) autour de 1900 © Vera-Archives / Leemage

Proust était un grand romancier, mais pas que cela. En quoi était-il aussi un intellectuel engagé ?

Anne Simon. Il est difficile de faire une différence nette entre les deux, car l’activité politique de Proust est indissociable de son activité d’écriture, interrompue seulement de rares moments dans sa vie. Au moment de l’affaire Dreyfus par exemple, qui débute un siècle à peine après que la Révolution française eut accordé le droit aux juifs d’accéder à la citoyenneté, il est encore un jeune homme d’une vingtaine d’années, inconnu du grand public. En 1898, il signe et diffuse le fameux Manifeste des Intellectuels, en défense du capitaine Dreyfus injustement accusé de trahison parce qu’il était juif, et de Zola qui vient de publier J’accuse… ! dans L’Aurore. Lorsque le colonel Picquart est à son tour incarcéré pour avoir défendu l’innocence du capitaine, Proust lui envoie son premier ouvrage, Les Plaisirs et les Jours. Il faut qu’il ait une grande foi dans la littérature, ce jeune auteur qui, en guise de soutien à un officier emprisonné, lui offre un recueil de nouvelles avec un titre si décalé ! C’est à la fois naïf et touchant.

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Classé dans Livres, Politique

Reconnaître les ethnies : un débat français

Poser le débat social en termes ethniques ou raciaux est-il la conséquence d’un brouillage nuisible à sa clarté ou le moyen légitime de lutter contre des discriminations persistantes ? Un article coécrit avec Nicolas Journet pour Sciences humaines.

La France est-elle en voie de « racialisation » ? En 2006, le sociologue Didier Fassin définissait la « racialisation » comme « une certaine manière de décrire le monde social et de poser des problèmes dans l’espace public ». Les références aux catégories ethniques et aux origines des individus se développent ces dernières années. Mais pourquoi ? Faut-il y voir l’effet d’un discours politico-médiatique ou bien s’agit-il d’une tendance plus profonde, d’un changement de paradigme dans nos manières de vivre les rapports sociaux ? Sur ces questions, les positions des observateurs peuvent être très divergentes.

Ainsi, l’anthropologue Jean-Loup Amselle, auteur de L’Ethnicisation de la France (2), interrogé sur ce point, juge que la responsabilité revient aux discours médiatiques et politiques, « qui ont aujourd’hui tendance à assigner les individus à leurs communautés, que ce soit en faisant la promotion des minorités visibles, ou en défendant au contraire l’existence d’un “pays de race blanche” » [ lire la suite… ]

Article de 1454 mots.

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Classé dans Philosophie, Politique, Société

« Comprendre comment la haine se propage nous aidera à la combattre »

Professeure en sciences de l’éducation et présidente de l’Observatoire international de la violence à l’école, Catherine Blaya pilote une grande enquête sur la propagande et la violence en ligne, afin de mieux comprendre leurs effets sur les jeunes. Cette interview est parue sur Le Journal du CNRS.

CC  @joebehr sur Flickr

CC @joebehr sur Flickr

Des études ont-elles déjà mesuré l’impact des contenus haineux sur Internet ?
Catherine Blaya : Plusieurs travaux ont montré que les jeunes y étaient de plus en plus exposés. Le rapport européen « Net Child Go Mobile » pointe une forte augmentation de toute une série de pratiques entre 2010 et 2014 : insulte ou harcèlement en ligne, exposition à des images violentes, à des messages haineux ou discriminatoires. Une autre étude finlandaise a récemment révélé que 67 % des internautes avaient été exposés à des contenus haineux en ligne, liés au physique, à l’identité sexuelle, à la religion ou encore la couleur de peau. En revanche, il n’y a pas vraiment eu d’enquête sur l’impact de ces contenus sur les jeunes : comment le vivent-ils ? Cela les conduit-il à cautionner ce type de messages, voire à adhérer à ou adopter des idées ou des comportements violents ? C’est ce que nous souhaitons vérifier, préciser ou nuancer, suite à l’appel à projet « Attentats-recherche » du CNRS. Pour cela, nous conduisons une large enquête sur les 11-18 ans, en ciblant spécifiquement ce qui relève du racisme, de l’antisémitisme, de l’islamophobie et de la xénophobie.

Mais un tel processus, qu’on pourrait dire « de radicalisation en ligne », n’est-il pas clairement établi ?
C. B. : Notre recherche ne s’intéresse pas exactement à la radicalisation, mais à l’implication des jeunes dans la cyber-haine et à ses conséquences en termes d’adhésion à des idées ou attitudes violentes, voire extrémistes. La « radicalisation » est un concept flou, multiforme, qui n’est pas défini de façon précise, et un lien avec la prolifération de contenus haineux en ligne n’est pas non plus scientifiquement prouvé. Lire la suite

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Classé dans Internet, Politique, Sciences

Alain Jakubowicz et le racisme anti blancs

Le président de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) a fait campagne sur ce thème, au risque de susciter de nombreuses critiques et incompréhensions. Retour sur ses interventions et prises de position depuis son élection en 2010.

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Cette enquête est parue dans Lyon Capitale (n° 719, février 2013). Pour l’acheter en ligne, cliquez ici. Pour lire cet article sur http://www.lyoncapitale.fr, cliquez ici.

Difficile de se faire comprendre ! Alain Jakubowicz passe pour le chantre de la lutte contre le racisme anti-Blancs, alors que sa position est plus complexe. Candidat à sa propre succession à la présidence de la Licra (l’élection a lieu ce week-end, 23-24 mars), l’avocat lyonnais a notamment été échaudé par le journal Le Monde : une citation lui fait dire que le congrès serait “entièrement” dédié à ce thème polémique. Dès la parution de l’article, il rectifie sur Twitter, assurant que ce ne serait “évidemment pas le cas”. Depuis, il n’est plus intervenu sur le sujet ou alors en direct.

La “nouvelle donne” de l’antiracisme

Mais le mal est fait : à l’heure où nous écrivons ces lignes, Wikipédia affirme que la Licra prévoit de “consacrer son congrès annuel de mars 2013 à ce thème”.
À la décharge des auteurs, la profession de foi d’Alain Jakubowicz comme candidat peut donner cette impression. Lire la suite

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