Archives de Tag: numérique

L’attention à l’épreuve du confinement

Collés comme jamais à leurs écrans, les télétravailleurs confinés découvrent qu’ils ont du mal à se concentrer tant ils sont assaillis de sollicitations. Yves Citton, notamment auteur de Pour une écologie de l’attention (Seuil, 2014), décrypte la tendance structurelle à capter notre intérêt et explique que focaliser son attention pourrait devenir un luxe réservé à quelques-uns.

Les télétravailleurs sont confinés chez eux et néanmoins assaillis de sollicitations : mails et appels professionnels, publicités pour des divertissements, nouvelles informations tous les quarts d’heure… Même à domicile, est-il devenu impossible de se concentrer ?

Yves Citton : L’attention est devenue une ressource rare et donc cruciale pour notre époque. Nous avons accès à une quantité de sollicitations bien supérieure à ce dont nous pouvons réellement prendre connaissance. Pour cette raison, capter notre intérêt est devenu l’enjeu d’une compétition féroce entre des acteurs économiques, politiques ou encore culturels. Ce n’est pas totalement nouveau : dans l’Antiquité, la rhétorique avait pour objet d’apprendre à capter, soutenir et ravir l’attention des juges ou des peuples assemblés sur l’agora. Mais cela se passait sur la place publique, les espaces domestiques étaient relativement préservés. Aujourd’hui, les nouveaux médias envahissent les domiciles et nous sollicitent constamment…

Comment font ces acteurs économiques pour détourner notre attention ?

YC : Chez soi, dans la rue ou ailleurs encore, nous évoluons désormais dans un environnement qui est comme truffé d’alarmes en tout genre, que j’appelle aussi des « saillances » : c’est quelque chose qu’il vous est impossible de ne pas remarquer…

Cette interview est parue sur Philonomist. Pour lire la suite, rendez-vous sur le site, profitez de 7 jours gratuits sans engagement ou abonnez-vous.

 

Yves Citton est professeur de littérature à l’université Paris-8 et codirecteur de la revue Multitudes. Il est notamment l’auteur de Pour une écologie de l’attention (Seuil, 2014) et, dernièrement, de Générations collapsonautes (Seuil, 2020), écrit en collaboration avec Jacopo Rasmi. Photo © Bertrand Gaudillère / Item

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Classé dans Internet, Management, Philosophie, Société, Travail

La justice à l’heure des algorithmes et du big data

Les logiciels et les robots remplaceront-ils un jour les avocats, les notaires et les juges ? Pour les experts, si la tendance à l’automatisation et à l’accélération technologique change la donne, certaines prédictions relèvent encore de la science-fiction. Cet article est paru sur Le Journal du CNRS.

© THE LIGHTWRITER/FOTOLIA.COM

Une « justice prédictive », des contrats exécutés automatiquement grâce à des logiciels, des robots recrutés par des cabinets d’avocats… En quelques années, les innovations technologiques et numériques ont donné lieu à toute une série d’annonces fracassantes, laissant entendre notamment que l’ubérisation des professions juridiques et judiciaires serait en marche. Mais si certaines de ces innovations bouleversent l’exercice du droit, en automatisant certaines tâches et en accélérant les procédures notamment, beaucoup ont encore un caractère exploratoire, voire s’apparentent au fantasme.

D’une manière générale, le code informatique et l’intelligence artificielle paraissent encore loin de pouvoir se substituer à l’expertise humaine, mais ils ne sont pas pour autant sans impact sur les métiers juridiques et judiciaires. « C’est une question d’équilibre », résume Bruno Dondero, agrégé des facultés de droit et professeur à l’université Paris 1, estimant que beaucoup de croyances sur le sujet sont « trop enthousiastes ou au contraire trop insouciantes ». En pratique, ces professions comportent de nombreuses tâches paraissant pouvoir être automatisées. « Lorsqu’un avocat rédige un contrat par exemple, il se fonde généralement sur des modèles qu’il adapte en fonction des cas particuliers. On peut envisager qu’un logiciel, auquel on fournirait quelques informations spécifiques à l’affaire, génère lui-même ce document. »

Une justice « prédictive »

De fait, de nombreuses start-up ont récemment développé des solutions pour rédiger des documents juridiques, analyser une affaire à partir d’une recherche documentaire, ou encore estimer la probabilité de succès d’un procès. L’année dernière, le cabinet américain BakerHostetler a ainsi « engagé » le système d’intelligence artificielle Ross pour assister ses avocats en répondant à des questions sur la jurisprudence et en facilitant la recherche documentaire. « Ces systèmes ont leurs limites lorsque les affaires sont complexes ou ambiguës, poursuit Bruno Dondero, sinon une simple recherche sur Internet aurait déjà remplacé le métier d’avocat-conseil. » Pour autant, il envisage que, pour des cas classiques et bien connus, ces outils seront de plus en plus utilisés par les cabinets. « Honnêtement, le travail d’avocat consiste rarement à imaginer LA clause à laquelle personne n’avait jamais pensé. Et dans les faits, certains n’hésitent pas à copier-coller leurs modèles en changeant juste quelques détails… » Rien qu’une machine ne puisse effectuer.

À certains égards, la « justice prédictive » fonctionne suivant le même principe. Ces dernières années, plusieurs systèmes ont été développés, permettant de déterminer les probabilités de succès d’une affaire et de calculer les éventuels dommages et intérêts, en tenant notamment compte des décisions antérieures du juge appelé à statuer. « Contrairement à ce qu’on entend, il ne s’agit pas de “remplacer” les avocats », tempère Thomas Saint-Aubin, chercheur associé à l’Institut de recherche juridique de la Sorbonne et directeur de la recherche et du développement chez Seraphin Legal.

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La réalité augmentée, mais encore ?

Suite au succès planétaire du jeu Pokemon Go l’été dernier, la quatrième dimension numérique est entrée dans les mœurs. À quelles innovations peut-on s’attendre à moyen terme ? 

Cet article est paru dans Version Femina (n° 768, semaine du 19 au 25 décembre 2016). Un grand merci aux personnes qui ont accepté de témoigner et aux experts pour leurs analyses : Grégory Maubon, consultant expert en réalité augmentée et usages numériques, et Timothy duquesne, écrivain et auteur du libre connecté L’avenir des pixels. À lire également : « PokemonGO : l’important c’est pas la (Pika)chute …« , de Olivier Ertzscheid, maître de conférences en sciences de l’information à l’Université de Nantes.

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Quand le numérique se met au service de l’associatif

Mordus d’internet, experts en informatique ou geek patentés, de plus en plus de passionnés du clavier mettent leur talent au service des autres. Après le passage du dévastateur typhon Haiyan, aux Philippines, des amateurs de géolocalisation ont créé une carte collaborative pour aider les ONG et la Croix Rouge à baliser le terrain. Pendant les attentats du Bataclan, des twittos influents ont lancé une opération portes ouvertes pour que tout un chacun puisse héberger des personnes en difficulté. Au-delà de ces initiatives individuelles, de plus en plus d’entrepreneurs, d’acteurs de l’économie sociale et solidaire et de militants créent des structures d’entraide, permettant de conjuguer outils numériques et bien public. Trois d’entre eux partagent leur témoignage.

Cet article est paru dans Version Femina (n° 758, semaine du 10 au 16 octobre 2016). Un grand merci à Raphaëlle Menajovsky, fondatrice de la plateforme d’entraide Webassoc, Cyrille Tassard, « créateur de vidéos solidaires » sur InFocus, et Nesrine Dani, responsable du programme Solidatech pour les Ateliers du Bocage et le mouvement Emmaüs. Merci également à Bastien Engelbach, chargé de mission à la Fonda, pour son analyse.

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