Archives de Tag: Bande dessinée

Socrate en images

Les bandes dessinées dédiées aux sciences humaines se multiplient depuis quelques années. Cette reconstitution historique consacrée à Socrate propose cependant une approche originale.

Ce n’est pas une biographie du maître de Platon, parfois considéré comme le fondateur de la philosophie. Ce n’est pas non plus une présentation simplifiée de ce que serait sa philosophie, d’autant qu’il professait n’en défendre aucune en particulier.

C’est une histoire inventée de toutes pièces, bien qu’elle repose sur des hypothèses crédibles et un contexte réaliste : trois ans après la mort de Socrate, ses proches et disciples reçoivent une mystérieuse invitation à un banquet clandestin. Se réunir ravive le souvenir de leur maître et ami.

Ils évoquent sa quête de sagesse, ses leçons de vie, mais aussi les moqueries dont il fut l’objet, et bien évidemment son injuste condamnation à mort.

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À la cogitop, ça bulle et ça philosophe

J’ai publié un article sur la nouvelle bande dessinée du dessinateur Jul et du philosophe Charles Pépin : Platon la Gaffe, survivre au travail avec les philosophes. À retrouver parmi d’autres actus et infos dans le dernier numéro de Management (n° 215,  janvier 2014).

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Jul et Charles Pépin sont également les auteurs de La Planète des sages, une encyclopédie de la philosophie débordante d’humour, à prendre au premier comme au huitième degré.

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BD, la bulle spirituelle

De plus en plus de maisons d’édition tablent sur la bande dessinée religieuse, qui rencontre un succès considérable auprès du grand public.

Cet article est paru dans Le Monde des religions (n° 44, novembre – décembre 2010). Pour la acheter ce numéro ou vous abonner en ligne, cliquez ici

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Calvin et Hobbes, une BD philosophique ?

Sur www.philomag.com

« Calvin et Hobbes » soufflent leurs 25 bougies. Créé en 1985 par Bill Watterson, ce comic strip américain met en scène un petit garçon râleur, imaginatif et intelligent, et un tigre anthropomorphe, bien plus qu’une peluche, l’ami imaginaire de Calvin.

Bien qu’il ait choisi ces noms singuliers, l’auteur est toujours resté discret sur l’éventuelle portée philosophique de sa BD. De fait, il n’y a pas de rapport direct entre les personnages et leurs homonymes. C’est plus une boutade, un clin d’oeil. Néanmoins, « Calvin et Hobbes » est, à l’instar des « Snoopy », « Garfield » et autres « Mafalda », l’une des BD les plus intelligentes de ces vingt-cinq dernières années.

Parfois légers, toujours drôles, les dialogues de Calvin et Hobbes sont paradoxaux : rien ne va de soi, tout est problématisé, décortiqué, argumenté. Un exemple : regardant avec désarroi un tronc d’arbre coupé, autour duquel s’amoncellent des canettes vides, Calvin songe : « Parfois, je me dis que la preuve la plus certaine qu’une vie intelligente existe ailleurs dans l’univers, c’est qu’aucune n’ait essayé de nous contacter. » Une autre fois, le petit garçon de six ans pointe un doigt contestataire vers ses parents et s’écrie : « Et d’abord, qu’est-ce qui me prouve que votre éducation n’est pas en train de me pourrir l’existence ? » Un régal.

Pédagogue diplômée en philosophie, Véronique Delille anime des ateliers de discussion à partir de cette BD, dans le cadre de l’association « Asphodèle ». Nous lui avons demandé d’expliquer sa démarche.

Pourquoi utiliser « Calvin et Hobbes » comme support pour un atelier philo ?

J’y ai trouvé tout ce que je cherchais. À l’origine, je voulais animer des ateliers pour enfants en utilisant la méthode de Matthew Lipman. Mais je n’obtenais pas les droits d’exploitation de ses livres. J’ai donc étudié la structure des histoires et je me suis aperçu que les éléments clés se retrouvaient dans « Calvin et Hobbes » : un questionnement perpétuel, un support multi thématique, pas de morale, des personnages auxquels s’identifier, un contexte relativement intemporel…

Il y a beaucoup de BD « spirituelles ». Celle-ci est votre préférée ?

Oui. C’est un condensé assez unique. J’aurais pu utiliser « Mafalda », mais le contexte argentin est trop marqué : il y a des allusions politiques, sociales et culturelles, des jeux de mots… Dans le même genre, « Snoopy » pourrait fonctionner, mais il y a beaucoup de base-ball pour nous rappeler qu’on est aux États-Unis. « Calvin et Hobbes » est épuré en comparaison, donc plus universel. On ne sent pas vraiment le poids de la société américaine. Les personnages jouent au « Calvin ball » par exemple, un jeu dont ils inventent les règles au fur et à mesure de la partie. Tous les enfants passent par là. C’est plus universel que le base-ball, et philosophiquement beaucoup plus intéressant.

Quels thèmes philosophiques abordez-vous à partir de cette BD ?

Le côté « sale gosse » assumé est un support idéal pour un atelier philo. Ça remet en question l’illusion biographique dans laquelle nous nous complaisons tous plus ou moins. Pour le reste, j’utilise cinq ou six planches qui me semblent pertinentes. Dans l’une d’elle, Calvin remarque qu’il n’a pas plus de raison de croire au Père Noël que de croire en Dieu. C’est un bon départ pour aborder des notions comme la preuve, la croyance et la science. J’utilise d’autres planches où les thèmes de la parole, la nature humaine, l’amitié ou encore l’intelligence s’entrecroisent. D’après la méthode Lipman, la question de départ est plus un prétexte, elle doit surtout intéresser tout le monde. Pour ça, cette BD est un tremplin formidable.

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Nietzsche, une BD pour tous et pour personne

Sur www.philomag.com

C’est la première bande dessinée consacrée à la vie d’un philosophe. Michel Onfray et le dessinateur Maximilien le Roy adaptent la biographie de Nietzsche en un tome paru vendredi 19 mars aux éditions Le Lombard (128 pages, 19 €). À mi chemin entre l’histoire et la légende, l’académique et le symbolique, cet ovni culturel raconte une existence dépeinte dans un script que Michel Onfray destinait au cinéma, L’innocence du devenir (Galilée, 2008). Ce texte a inspiré Maximilien Le Roy, qui nourrissait le projet de dessiner quelque chose autour de l’oeuvre de Nietzsche. Il envoya ses premières planches au fondateur de l’université populaire de Caen. Ce dernier, séduit par ces esquisses et soucieux de « faire descendre la philosophie dans la rue », a donné son accord pour un album.

Les auteurs privilégient les moments forts de la biographie : la découverte de Schopenhauer dans une boutique de Leipzig, une visite chez les Wagner à Tribschen, la prise d’une photo aujourd’hui célèbre en compagnie de Paul Rée et Lou Andreas-Salomé… Les scènes clés se succèdent, les allusions et les ellipses sont nombreuses ; des dialogues et des illustrations symboliques font office de transitions, d’autant que les récitatifs n’indiquent que les lieux et les dates. Ce schéma, qui varie les vitesses et les intensités, a l’avantage de rythmer la lecture et de synthétiser le propos. Mais il peut aussi l’alourdir : le rappel des faits en forme de conversation impromptue est parfois pesant, et les idées de Nietzsche se condensent mal en quelques bulles.

Contraintes du format obligent, ce n’est pas une histoire de l’histoire de Nietzsche. Pertinent dans les grandes lignes, ce récit imagé donne parfois corps à des scènes contestables, qui reposent par exemple sur des témoignages isolés ou indirects. Ainsi, la vision classique de la crise de folie qui frappe le philosophe en 1889 est une légende tenace et invérifiable, comme l’a révélé Curt Paul Janz dans sa biographie (Tome III, pp. 424-426).  Par ailleurs, Michel Onfray et Maximilien Le Roy dénoncent avec justesse la falsification des textes de Nietzsche par sa soeur Élisabeth – nazie notoire et militante –, s’attachant à dédouaner le philosophe des accusations d’antisémitisme.

Pour une première approche, c’est idéal. Cette initiative offre un récit précis et illustré avec finesse. Cela ne s’adresse pas tant aux amateurs de bandes dessinées et aux inconditionnels de Nietzsche qu’à un public qui voudrait un aperçu de la vie du philosophe en une petite heure de lecture.

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