Le nouveau pape Tawadros II, poussé vers la politique

Fraîchement désigné, l’évêque Tawadros est réputé plus neutre que son prédécesseur. Mais la situation de son Église pourrait l’obliger à s’impliquer sur la scène publique.

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L’évêque Pachomius, brandissant le papier avec le nom du nouveau pape © Nasser Nasser / AP / SIPA

Les coptes orthodoxes d’Égypte ont un nouveau pape. Comme le veut la coutume, un petit garçon a tiré le nom au sort dans un calice de verre, les yeux bandés, lors d’une cérémonie dans la grande cathédrale Saint-Marc du Caire, dimanche 4 novembre. L’évêque Pachomius, qui assure l’intérim depuis la mort de Chehouda III en mars, a pris le papier et l’a brandit en proclamant : « Évêque Tawadros ». Les deux autres papiers ont ensuite été montrés à la foule et aux caméras. La cathédrale était pleine à craquer, plusieurs centaines de personnes n’ont pas pu accéder à l’édifice bondé et suivaient l’événement sur des écrans installés à l’extérieur.

Aucun des trois candidats n’était présent à la cérémonie. L’évêque Tawadros sera officiellement intronisé le 18 novembre. Il serait favorable à une Église centrée sur sa mission pastorale et moins impliquée dans les affaires publiques. Cet ancien pharmacien, fait moine en 1988, ordonné prêtre l’année suivante puis évêque en 1997, a d’ailleurs la réputation d’être modéré et pacifique. Néanmoins, il pourrait être contraint de s’impliquer. « Tant que l’État lui-même contribue à la discrimination des minorités, analyse la chercheuse Laure Guirguis dans Le Monde, l’Église est amenée à jouer un rôle politique. »

Les coptes représentent 6 à 10 % de la population égyptienne. Ils s’estiment depuis longtemps victimes de discriminations et d’une sous représentation au sein du gouvernement et de la haute fonction publique. Ils déplorent également des restrictions pour la construction des églises, alors que les règles seraient plus libérales pour les mosquées. En outre, la multiplication de violence à caractère confessionnel et la victoire des frères musulmans à l’élection présidentielle ont accru leur inquiétude. Lundi 5 novembre, déjà, le nouveau patriarche a exprimé son opposition à la Constitution en cours de rédaction : « l’imposition d’un État religieux à l’Égypte est absolument rejetée », a-t-il déclaré. Il a appelé, dans le même temps, les chrétiens à ne pas quitter le pays.

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