Profitant de l’instabilité de la région, des pilleurs revendent les vestiges religieux et les dispersent dans le monde entier.
Au Pakistan, le patrimoine bouddhiste est menacé. Selon plusieurs dépêches, le pillage porte gravement atteinte à la préservation des vestiges. « Nous sommes confrontés à un sérieux problème, alerte le chef du département gouvernemental de l’archéologie et des musées, Fazal Dad Kakar, car c’est un vaste pays et nous avons peu de moyens. Nous manquons de ressources pour surveiller les centaines de sites bouddhiques, beaucoup étant situés dans des régions isolées. » Une grande partie se trouvent dans la vallée du Swat, au Nord-Ouest du pays, près de l’Afghanistan, où les pilleurs profitent de l’instabilité politique.
En octobre dernier, deux hommes ont été arrêtés, tentant d’excaver la statue d’un bouddha. Ils n’ont été condamnés qu’à une amende de 50 $… Quelques mois plus tôt, dans la ville portuaire de Karachi, la police a intercepté quelque 400 artefacts sur le point d’être envoyés à l’étranger. Certaines statues étaient vieilles de près de deux millénaires et estimées à plusieurs millions de dollars, estime le directeur de l’archéologie et des musées dans la province de Sindh, Qasim Ali Qasim. Dans l’Inde voisine, un marchand d’art est sous le coup d’une enquête ; il aurait revendu pour des millions de dollars d’antiquités à des musées et des collectionneurs privés…
L’art bouddhique du Gandhâra — autre nom de cette région — est célèbre dans le monde entier. Il s’est développé au carrefour d’influences indiennes, perses et hellénistiques, suite à l’expédition d’Alexandre le Grand en Asie Central au IVe siècle av. J.-C. C’est aussi dans cette région que s’est développé le bouddhisme mahayana, qui aura eu une influence décisive sur l’extrême Orient. C’est d’ailleurs une destination de premier choix pour la Chine. L’économie du tourisme liée à cette région est une ressource importante pour le Pakistan. Si celle-ci venait à s’affaisser, les moyens pour protéger les vestiges seraient encore plus faibles — un cercle vicieux.