Alors qu’un appel à davantage de réflexion sur les questions de société vient d’être lancé, un ouvrage collectif revient sur le poids de cette mouvance dans le passé.
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Effacés de la scène politico médiatique, les « chrétiens de gauche » se font à nouveau entendre. Un regroupement a notamment lancé, le 13 septembre dernier, un appel à la prudence s’agissant de grandes questions de société : l’euthanasie, le mariage homosexuel ou encore l’homoparentalité. Ces pétitionnaires disent se situer « politiquement à gauche », mais rester attentifs aux « repères anthropologiques et éthiques transmis par nos diverses traditions ».
Les annonces du gouvernement socialiste leur paraissent « de nature à diviser profondément l’opinion, parce qu’elles proposent de légiférer dans des domaines qui touchent à l’essentiel de la personne humaine ; à un niveau où la revendication de certaines « libertés individuelles » peut être perçue comme destructrice de notre patrimoine symbolique, donc des exigences du « vivre ensemble » et du bien commun ». Cet appel a été rédigé par les membres du réseau « À la table des chrétiens de gauche », qui l’enverra aux autorités de la République peu après le 30 septembre.
À la différence des chrétiens de droite — 79 % des catholiques pratiquants réguliers auraient voté pour Nicolas Sarkozy —, les chrétiens de gauche disent se reconnaître dans le projet de la majorité actuelle de « bâtir une société juste, pluraliste et solidaire ». Pour autant, ils restent moins influents qu’au début du siècle dernier. « De gauche chrétienne visible et agissante en politique, il n’y en a plus », conclut même le sociologue des religions Jean-Louis Schlegel, co-directeur d’un nouvel ouvrage de référence en la matière : À la gauche du Christ, les chrétiens de gauche en France de 1945 à nos jours (Seuil).
Dans une interview pour le site du magazine La Vie, qui consacre d’ailleurs un dossier aux chrétiens de gauche, Denis Pelletier, l’autre co-directeur de ce livre, est moins radical. Selon lui, les chrétiens de gauche n’ont certes plus le même poids dans les associations, les syndicats ou encore les partis politiques. Néanmoins, « quand les politologues travaillent sur la mouvance altermondialiste, en faveur des immigrés et des sans-papiers ou plus largement des mouvements sociaux, ils se rendent compte que les chrétiens pratiquants demeurent très présents, mais sans mettre en avant leur foi. » Discrète, leur sensibilité pèse encore.