Le suicide en entreprise, Ariane Bilheran, éditions du Palio, octobre 2010. Résumé et critique sur www.evene.fr
Le titre ne tient pas ses promesses. Si l’essai d’Ariane Bilheran offre une très bonne analyse du suicide, le contexte de l’entreprise n’arrive qu’au septième et dernier chapitre. Dans les six premiers, le suicide est abordé sous l’angle culturel, moral, religieux, philosophique… C’est même un tour de force que de brosser, en si peu de mots, un tel panorama. Certaines thèses, définitions ou idées sont avancées sans justification. C’est une question de choix : on ne peut pas, à la fois, démontrer son propos et le développer aussi vite.
Le monde de l’entreprise illustre le sujet plus qu’il ne le circonscrit. Il apparaît en annexe, sous forme d’encadrés ou à l’occasion d’un « par exemple ». Ariane Bilheran n’aborde pas ce domaine sans le resituer dans une problématique plus générale, en termes de rapports de forces, de liens sociaux ou d’organisation économique. La première phrase du septième chapitre, qui rentre enfin au cœur du sujet, est à cet égard éloquente : « Les suicides actuels en entreprise viennent faire symptômes non seulement des défaillances humanistes de l’entreprise, mais également de celles de notre société ».
Dans ce chapitre, l’analyse est enfin circonscrite au monde du travail. Mais le point de vue est partiel, puisqu’il se restreint délibérément à celui « du psychologue clinicien qui intervient en tant que soignant dans l’entreprise ». Quant aux solutions préconisées en conclusion, elles sont abstraites : « suspendre son jugement », « dépasser les clivages », « tenir compte des spécificités du métier »…