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Sex Friends

En poussant la porte des sites de rencontres en ligne, Richard Mèmeteau se heurte aux questions éternelles de l’amitié, de l’amour et du sexe. Quelles sont leurs différences et leurs ressemblances ? Dans quelle mesure s’excluent-ils ? L’un peut-il aller sans les autres ? Platon et ses lointains descendants (Alain Badiou, Michael Levinas, Jean-Luc Marion) sont en ligne de mire. Pour R. Mèmeteau, plus proche d’un Schopenhauer ou d’un Ruwen Ogien, l’amour dit platonique reste un travestissement sentimental de la pulsion sexuelle.

Mais son propos ne bascule pas pour autant dans l’éloge d’une sexualité présumée libre, sans fard ou plus authentique, dont les sites de rencontres seraient le support idéal. Même les relations les plus libertines, explique-t-il, obéissent à des schémas historiques et sociaux bien établis. Le « sexe pur » (ou « plan cul ») serait tout aussi illusoire que l’amour avec un grand A, car il y aurait toujours quelque chose de plus dans la relation : des déterminismes sociaux, des raisons de s’être choisis et surtout des conséquences. Une intimité et des liens se créent sans forcément virer à la comédie romantique.

Comme l’indique son titre, Sex Friends est une tentative de définir un entre-deux, une « éthique minimale » préconisant finalement d’entremêler le sexe et l’amitié. « Ce paradoxe a suffi à faire grésiller pendant des millénaires les synapses de philosophes qui ont préféré déclarer les deux comme étant inconciliables. Et pourtant, c’est exactement ce que l’on peut désormais décider de faire », affirme R. Mèmeteau. Nourrie de sources savantes comme de pop culture et d’expériences personnelles, sa démonstration ne convaincra peut-être pas tout le monde, mais s’avère plus complexe que le ton badin de l’ouvrage le peut le laisser penser.

Sex Friends. Comment (bien) rater sa vie amoureuse à l’ère numérique, Richard Mèmeteau, La Découverte, 2019, 192 p., 17 €. Cette critique est parue dans Sciences Humaines (n° 316, juillet 2019)

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Sexe et genre. De la biologie à la sociologie

Les comportements dits « masculins » ou « féminins » sont-ils des constructions sociales, ou biologiquement déterminés ? Cette question a fait couler beaucoup d’encre à l’occasion du mariage pour tous, des débats sur l’homoparentalité ou sur l’égalité des sexes. Au risque d’amalgames et de débats caricaturaux… L’originalité de cet ouvrage est de croiser les regards de biologistes, de sociologues, de philosophes et d’historiens pour tenter de reprendre la question à la racine.

Si les spécialistes de sciences naturelles paraissent attachés à la dualité des sexes biologiques et à son pouvoir explicatif – y compris pour certains comportements –, ils n’ignorent pas pour autant l’importance du contexte social et des biais qui peuvent affecter l’analyse scientifique. Les chercheurs en sciences humaines, de leur côté, soulignent les « biais de genre » conduisant à surinterpréter le fait biologique à l’aune de considérations morales et politiques plus ou moins conscientes.

Mais l’ouvrage ne se réduit pas à une confrontation de points de vue. Sa dernière partie adopte une perspective résolument interdisciplinaire pour tenter de répondre conjointement à des questions précises mais exemplaires : à quoi sert le clitoris des rats ? Comment se détermine le sexe de la bactérie wolbachia ? Au vu de ces analyses un peu pointues, la réalité du sexe et de l’identité sexuée ne paraît pas saisissable sous une unique perspective. C’est plutôt par l’entrecroisement de toutes les spécialités que ces phénomènes complexes semblent s’éclairer. Sexe & genre représente bien, à cet égard, un dialogue d’autant plus salutaire qu’il est apaisé.

Sexe & genre. De la biologie à la sociologie, Bérengère Abou et Hugues Berry (dir.), Éditions matériologiques, 2019, 224 p., 18 €. Cette critique est parue dans Sciences Humaines (n° 316, juillet 2019)

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Religion : quand les genres et les sexes se confondent

Les religions sont loin de parler d’une même voix de l’homosexualité, du travestissement ou encore de « troisième genre ». Si une attitude de rejet reste largement partagée, l’acceptation voire la valorisation de l’ambivalence sexuelle n’est pas anecdotique pour autant.

Cet article est paru dans un hors-série du Monde des religions, consacré au corps et au sacré (n° 30, juin 2018) – à découvrir en ligne !

Dans la mythologie hindoue, le dieu Shiva et la déesse Parvati s’épousent et se mêlent pour devenir Ardhanarishvara, « le seigneur androgyne ».

 

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