Alors que le « dépeceur de Montréal » vient d’être arrêté, l’opinion publique s’alarme contre des faits de cannibalisme : aux États-Unis, en Chine… Entre répulsion instinctive et fascination médiatique, l’anthropophagie apparaît comme le négatif de la civilisation. Pour Georges Guille-Escuret, ethnologue et auteur de Les mangeurs d’autres (éd. de l’EHESS), cette phobie des Européens puise aux sources de l’Antiquité grecque et de la culture chrétienne.
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Pourquoi le cannibalisme nous révulse-t-il alors que d’autres cultures l’ont admis ?
Georges Guille-Escuret : La logique de domination n’est pas la même dans une société cannibale. Manger l’autre, c’est lui reconnaître une identité pareille à la nôtre. Souvent, au terme d’une bataille entre deux tribus, les captifs peuvent être mangés ou… adoptés ! C’est d’ailleurs une alternative que l’on retrouve dans des sociétés très éloignées les unes des autres, en Afrique, en Amérique… Dans les deux cas, le vaincu est en quelque sorte assimilé à la tribu. Cette logique de domination est incompatible avec notre civilisation. Dans l’histoire européenne, il y a généralement une différence de nature entre les individus, une hiérarchie plus stricte, par exemple entre le maître et l’esclave. Lire la suite