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Luis Garcia-Larrea cherche là où ça fait mal

Ce médecin neurobiologiste s’efforce de comprendre comment fonctionne la douleur physique chez l’homme, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives thérapeutiques. Ce portrait est paru sur Cortex Mag.

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«La douleur est une bonne chose, assure sans crainte du paradoxe le neurobiologiste Luis Garcia-Larrea, chercheur à l’Inserm et à l’hôpital neurologique de Lyon. Sans elle nous ne pourrions tout simplement pas survivre.» La douleur est en effet un système d’alarme parmi les plus fondamentaux de la vie. On le retrouve chez les organismes les plus anciens ou rudimentaires : même une paramécie est sensible à ce qui pourrait la détruire ; c’est, par exemple, ce qui lui permet de fuir lorsqu’elle entre en contact avec un milieu acide. De la même manière, les vers ou les mollusques repèrent les stimulations potentiellement nocives grâce à des terminaisons nerveuses spécifiques situées dans la peau ou les muqueuses, appelées nocicepteurs – du latin nocere et capere, qui ont respectivement donné nuisible et capter.

Luis Garcia-Larrea consacre ses recherches à l’ensemble du système nociceptif chez l’homme, allant des premières sensations désagréables à l’analyse qui en est faite par le cerveau et aux réactions qui en découlent. Il a tout récemment reçu un prix de l’Institut de France pour ses travaux sur «l’expérience douloureuse chez l’homme», après avoir été récompensé, en 2009, par la Fondation NRJ pour ses recherches sur la douleur et ses traitements. Farouche défenseur de la recherche fondamentale, il estime qu’on ne peut traiter la douleur qu’en connaissance de cause : «Ce n’est qu’en bout de chaîne, et sans forcément l’avoir cherché, que l’on peut en déduire des processus thérapeutiques.» Lire la suite

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Voir, c’est reconnaitre

Reconnaître quelqu’un, un visage familier, n’est pas 
aussi passif qu’on pourrait le croire. Le cerveau ne se contente pas d’engranger des données sensorielles et de les traiter. Il a aussi tendance à « projeter », pour ainsi dire, des schémas préenregistrés sur ce qu’il perçoit, et c’est cette superposition qui permet l’identification. Une récente étude neuroscientifique va plus loin : lorsque, pour une raison quelconque, cette personne est difficile à reconnaître, nous pourrions aller jusqu’à « tordre » la réalité pour que celle-ci colle à nos représentations mentales.

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Morphing des visages d’Angelina Jolie et Halle Berry. © University of Leicester

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont fusionné numériquement les photos de duos de célébrités en un portrait unique. Les visages de Bob Marley et 
de Whoopi Goldberg n’en formaient qu’un, par exemple ; idem pour Angelina Jolie et Halle Berry, Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone, etc. Puis les scientifiques ont demandé à des individus d’identifier chaque photo, et ont observé leur activité neuronale à ce moment-là. Verdict : les sujets ont tendance à percevoir 
les traits de l’une ou de l’autre vedette, mais jamais les deux en même temps. Autrement dit, ils ont du mal à voir… le visage qui est effectivement sur la photo !

C’est d’ailleurs une expérience assez courante en fait : comme lorsqu’on décèle « le truc » dans un trompe-l’œil, mais qu’il continue à faire illusion vu sous un certain angle… Selon Rodrigo Quian Quiroga, l’un des principaux auteurs, cela indique que notre perception subjective 
est plus prégnante que la représentation objective 
des choses. « Comme l’a avancé le philosophe Aristote, conclut-il, nous utilisons des images du monde extérieur que nous avons créées, bien davantage que des stimuli sensoriels. C’est exactement ce que font les neurones 
que nous avons observés. »

Article paru dans Sciences humaines (n° 265, décembre 2014).

Source : Rodrigo Quian Quiroga et al., « Single-cell responses to face adaptation in the human medial temporal lobe », Neuron, 24 septembre 2014.

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