
Maîtrise de la langue, milieu social, homme ou femme… la Journée mondiale de l’accident vasculaire cérébral (AVC), le 29 octobre, est l’occasion de rappeler que les inégalités sociales de santé jouent un rôle non négligeable dans la prise en charge des patients, au-delà des critères purement biologiques ou médicaux. Cet article est paru dans Le Journal du CNRS.
En 2011, alors que Nicole Guinel était orthophoniste à l’hôpital Tenon AP-HP, dans le 20e arrondissement de Paris, dans le service du Pr Sonia Alamowitch, une patiente polonaise s’est présentée complètement mutique après un accident vasculaire cérébral (AVC). « L’aphasie, perte partielle ou totale du langage, est une conséquence fréquente d’un AVC, explique Nicole Guinel. C’est pourquoi nous préconisons des exercices de démutisation, permettant d’encourager un retour de la parole. » Ces exercices consistent par exemple à prononcer des mots ou des expressions de façon adaptée à un contexte – « bonjour », « merci », « nous sommes lundi »… –, à nommer correctement des objets de la vie quotidienne, ou encore à chanter de petites comptines. Pour être plus efficaces, ces exercices doivent débuter le plus tôt possible. Leur succès dépend aussi de l’état de la victime, de la gravité de son accident, de son profil ou encore de son parcours de vie. « Face à cette patiente polonaise, arrivée en France depuis deux mois et qui ne parlait pas un mot de français, j’ai de nouveau été confrontée au fait que nos exercices étaient inadaptés pour les non francophones », se souvient Nicole Guinel.
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