Le magazine Management consacre son dossier d’été au fait de changer radicalement de vie (n°276, juin 2019). Je signe un petit article sur trois (ou plutôt quatre) ouvrages magnifiques sur le sujet : le roman graphique Quartier Lointain, où un homme d’affaire japonais se réveille dans la peau de ses 14 ans, le roman initiatique Siddhartha, sur le dépouillement et la quête de sagesse, et enfin deux essais où des philosophes racontent leur goût du travail manuel : Éloge du carburateur et Contact. À découvrir en ligne !
Quelle est votre ambition pour le refuge que vous créez au Plessis ?
Elle est un peu démesurée ! Créer une oasis de bonté et de beauté dans un monde qui s’effondre ? Plus sérieusement, je suis convaincu que le centre bouddhiste à l’ancienne – je le dis sans aucun mépris – n’est plus adapté. Aujourd’hui, l’enjeu n’est plus tant de s’initier ou de méditer que d’agir, même à une petite échelle. Depuis quinze ans, je rêve de bâtir un espace qui soit à la fois un refuge et une plateforme pour un bouddhisme engagé. Lorsque j’ai découvert cette demeure du Plessis, à 1h30 en train de Paris, j’ai décidé de me lancer dans cette aventure un peu folle. Toutes mes économies y sont passées, alors que les travaux à prévoir sont considérables ; il n’y a pas d’eau courante ou de toilettes par exemple. Mais c’est 350 m2 habitables, 700 à terme, au milieu de trois hectares de terrain et de forêt. Et comme c’est en zone naturelle protégée, la mairie nous oblige à prendre soin de cette nature – elle nous oblige à être bouddhistes en fait ! C’est beau, c’est calme, tout simplement merveilleux. Dans l’immédiat, je fais appel aux bonnes volontés et à un financement participatif pour réaliser des travaux de première nécessité. Si nous voulons en faire un véritable temple bouddhiste un jour, il faudra notamment être en conformité avec les normes pour établissements accueillant du public. Tout restera gratuit, bien sûr, et chacun peut d’ores et déjà me rejoindre dans cette aventure à titre privé.
En quoi votre démarche s’inscrit-elle dans la continuité des érudits zen Bernie Glassman et David Loy ?
Le refuge du Plessis sera bâti comme un « écodharma lieu ». Ce concept, que j’emprunte à David Loy, est né d’une réflexion encore ouverte sur les implications écologiques du bouddhisme – notamment l’idée qu’il n’y a pas de séparation radicale entre l’humanité et la nature, et que le sort de l’une vaut aussi pour l’autre. Lire la suite