Star Trek, leçon d’astrobiologie

Une équipe de voyageurs spatiaux est appelée à la rescousse sur la planète Janus IV, où un mystérieux extraterrestre tue les ouvriers d’une mine. C’est le point de départ des « Mines de Horta », épisode culte de la série de science-fiction américaine Star Trek (trois saisons entre 1966 et 1969, suivies de nombreuses déclinaisons).

Pour débusquer la créature, le capitaine Kirk et son officier scientifique, Monsieur Spock, tentent de détecter des traces de carbone – une technique classique pour repérer des extraterrestres, cet élément chimique étant constitutif de toutes les formes de vie connues. Pourtant ils n’en repèrent aucune trace… Spock émet alors une hypothèse : le métabolisme de cet extraterrestre serait fondé sur un autre élément que le carbone, le silicium.

Selon l’ingénieure Alex Fouilleroux, « l’hypothèse de Spock ne sort pas de nulle part. Le seul autre candidat au concours de popularité chimique est bien le silicium ». En astrobiologie, les scientifiques supposent que des extraterrestres auraient probablement une biochimie basée sur le carbone. Cet élément entre dans la composition de toutes les molécules organiques connues, et semble présent un peu partout dans l’univers. Néanmoins, d’autres types de métabolisme sont possibles : le silicium a des propriétés similaires à celles du carbone et pourrait constituer des organismes radicalement différents de ce que l’on connaît – en théorie du moins, en pratique il reste tout de même plus rare et instable que le carbone…

Plus généralement, lorsque des scientifiques cherchent des traces d’extraterrestres, ils s’appuient sur leur conception de la vie : un organisme grandit, consomme des ressources, se reproduit, évolue au fil des générations… Et il est fondamentalement constitué de carbone. Ces critères sont utiles pour savoir ce qu’on cherche, mais toujours insuffisants. « N’oublions pas que tout ce que nous venons de citer concerne la vie telle qu’on la connaît, résume A. Fouilleroux, c’est-à-dire la vie sur Terre : de la chimie du carbone en solution dans l’eau liquide. Sommes-nous la règle ou l’exception ? Tout le vivant dans l’univers fonctionne-t-il sur ces mêmes principes ? Nous n’avons aucune certitude. » De même que Horta, la mystérieuse créature de Star Trek, réserve d’autres surprises à l’équipage, des extraterrestres auraient toutes les chances de bouleverser notre vision de la vie.

Cette chronique est parue dans Sciences Humaines (n° 364, décembre 2023 – janvier 2024). À lire pour aller plus loin : L’astrobiologie expliquée par Godzilla, Star Trek… & la pop culture, Alex Fouilleroux, L’Étudiant, 2023.

À retrouver également dans Sciences Humaines (n°343 – Janvier 2022) : notre dossier « Qu’est-ce que la vie ? »