En 2015, les patrons du CAC40 ont touché en moyenne 240 smic, soit 4,2 millions d’euros, actions et stock options comprises. La plus haute rémunération s’est envolée à 16,6 millions d’euros (Olivier Brandicourt pour Sanofi), tandis que Martin Bouygues percevait un peu moins d’un million “à peine”. Révélés fin avril par La Tribune, ces chiffres ont aussitôt ravivé l’idée d’imposer un salaire maximum – soit en le plafonnant, soit en indexant les plus hauts revenus sur les plus bas.

© Laurent Blachier pour Management
Quarante personnalités (hommes politiques, syndicalistes, intellectuels…) ont appelé à limiter les salaires à cent smic, et le gouvernement a publiquement envisager de légiférer en ce sens. La proposition figure également au programme du Parti de Gauche, pour l’élection présidentielle de 2017, mais propose carrément un ratio de un à vingt. C’est d’ailleurs l’écart que préconisait le banquier John Pierpont Morgan, fondateur de la banque du même nom à la fin du XIXe siècle. Une légende tenace attribue à Henry Ford la volonté de s’en tenir à un ratio de 1 à 40, pour que les écarts restent “acceptables” par la population, mais ce n’est qu’une rumeur…
Reste que le système est possible et expérimenté, y compris par de très grandes boîtes. La coopérative espagnole Mondragon, qui possède des marques comme Fagor, a longtemps imposé un écart maximum de 1 à 3, avant d’augmenter à six puis à douze. Plutôt que d’analyser le pour et le contre, nous avons recueilli les témoignages de trois entrepreneurs français qui ont souhaité limiter les écarts dans leur propre entreprise. Ils n’ont pas été faciles à trouver – peu de dirigeants appliquent cette politique… –, mais le fait est qu’ils existent et qu’ils n’ont pas forcément un point de vue aussi tranchés.
Ces témoignages sont à retrouver dans le magazine Management (n° 243, juillet – août 2016). Un grand merci à Abdenour Aïn Seba, dirigeant de IT Partner, Jérémy Cousin de CIV et Michel Sarrat de GT Location, ainsi qu’aux réseau des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens.