La vie a une fin, c’est notre seule certitude. Mais c’est aussi la plus difficile à admettre. Même le mot « mort » nous fait peur. À l’occasion du premier salon qui lui est dédié, nous avons enquêté auprès de spécialistes qui en parlent sans tabou.
Cet article est paru dans Psychologies magazine (n° 306, avril 2011). et sur www.psychologies.com
L’annonce d’un décès suscite souvent silences gênés, condoléances de circonstance, compassion appuyée. Pas facile de trouver les mots justes… « Il est impossible de réagir par l’indifférence, affirme le sociologue Patrick Baudry, auteur de La Place des morts, enjeux et rites (L’Harmattan, 2006). Aucune société n’a développé une vision de la mort qui permettrait d’en parler comme de la pluie et du beau temps. » Dès l’Antiquité, le philosophe grec Épicure écrit qu’elle est « celui d’entre les maux qui nous donne le plus d’horreur ». Et, des maux aux mots, il n’y a qu’un pas : ainsi, chez les Amérindiens navajos, dire le nom d’un défunt est soupçonné de déclencher des maladies. La psychologue et psychothérapeute Marie de Hennezel, membre de l’Observatoire national de la fin de vie, note que beaucoup d’entre nous ont une peur irrationnelle de prononcer le mot, « comme s’ils allaient attraper la mort de la même manière que l’on attraperait la grippe ». La création cette année d’un Salon de la mort s’est heurtée à de telles résistances : « On me conseillait d’appeler ça le “Salon du départ” », s’étonne encore Jessie Westenholz, coorganisatrice de l’événement. Lire la suite