Dresser un portrait sans précédent de la jeunesse européenne, c’est l’ambition de « Generation What ? » : des milliers de jeunes de 18 à 34 ans répondent depuis avril à une enquête diffusée sur Internet et relayée par les grands médias de la plupart des pays européens. La sociologue Anne Muxel, du Cevipof, s’est intéressée au volet français de cette enquête initiée par France Télévisions et les sociétés Yami 2 et Upian.
Cet interview est paru sur le journal du CNRS
En quoi l’enquête « Generation What ? » diffère-t-elle d’une étude sociologique classique ?
Anne Muxel : C’est plus une consultation qu’une enquête, car elle est ouverte à tous les jeunes qui ont voulu y répondre et elle est disponible en ligne sur plusieurs mois. À l’heure actuelle, plus de 600 000 jeunes ont répondu aux questions, dont environ 200 000 en France, et il est toujours possible d’y participer. À l’origine, les sociétés de production Yami 2 et Upian se sont associées à France Télévisions en 2013 pour réaliser un web-documentaire sur la jeunesse française. Un questionnaire de près de 150 questions a été diffusé sur Internet sous le nom « Génération Quoi ? », pour inciter les 18-34 ans à exprimer leur point de vue sur la politique, la société, l’économie…, mais aussi des sujets plus intimes, comme leurs pratiques culturelles, leur rapport au monde du travail, leurs relations familiales, amoureuses ou encore sexuelles. Le dispositif était très accrocheur, et du même coup plus attractif qu’un recueil de données classique : les jeunes étaient tutoyés, pris à parti, il y avait même un peu de provocation dans la formulation des questions pour les interpeller et leur donner envie de répondre. Ce dispositif interactif a permis de recueillir à l’époque les réponses de 320 000 jeunes français. Aujourd’hui, l’enquête devenue « Generation What ? » a élargi cette démarche à l’échelle européenne Lire la suite