Poser le débat social en termes ethniques ou raciaux est-il la conséquence d’un brouillage nuisible à sa clarté ou le moyen légitime de lutter contre des discriminations persistantes ? Un article coécrit avec Nicolas Journet pour Sciences humaines.
La France est-elle en voie de « racialisation » ? En 2006, le sociologue Didier Fassin définissait la « racialisation » comme « une certaine manière de décrire le monde social et de poser des problèmes dans l’espace public ». Les références aux catégories ethniques et aux origines des individus se développent ces dernières années. Mais pourquoi ? Faut-il y voir l’effet d’un discours politico-médiatique ou bien s’agit-il d’une tendance plus profonde, d’un changement de paradigme dans nos manières de vivre les rapports sociaux ? Sur ces questions, les positions des observateurs peuvent être très divergentes.
Ainsi, l’anthropologue Jean-Loup Amselle, auteur de L’Ethnicisation de la France (2), interrogé sur ce point, juge que la responsabilité revient aux discours médiatiques et politiques, « qui ont aujourd’hui tendance à assigner les individus à leurs communautés, que ce soit en faisant la promotion des minorités visibles, ou en défendant au contraire l’existence d’un “pays de race blanche” » [ lire la suite… ]
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