Laissez-nous souffler !

Difficile de décrocher dans une société qui va de plus en plus vite. Prendre des pauses est pourtant indispensable sur les plans physique et cognitif. À condition toutefois de ne pas en faire une nouvelle injonction stressante. Cet article est paru dans la nouvelle formule de Santé Magazine (n° 566, février 2023). À découvrir en kiosque ou en ligne.

Un grand merci pour leurs témoignages et leurs expertises à :

  • Steven Laureys neuroscientifique et notamment auteur de Cerveaugraphie (Hachette Pratique, 2022)
  • Jérôme Palazzolo, psychiatre et notamment auteur de La psychologie positive (PUF, 2021)
  • Stéphane Perrey, professeur en neurophysiologie à l’Université de Montpellier, auteur d’un article de synthèse sur The Conversation.

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Classé dans Psychologie, Santé, Société, Travail

Un ticket pour le paradis ?

Cette chronique est parue dans Sciences Humaines (n° 354 – Janvier 2023). À lire pour aller plus loin : Comment être parfait, Michael Schur (Philosophie magazine Éditeur, 2022).

À sa mort, Eleanor est accueillie au paradis. Le responsable des lieux lui explique qu’elle a mérité sa place, compte tenu de ses bonnes actions. Mais en découvrant le brillant CV qu’on lui attribue, Eleanor comprend qu’elle a été confondue avec une autre ! En réalité, elle a toujours été un monstre d’égoïsme et de méchanceté… Craignant d’être démasquée, elle oblige un chercheur en philosophie morale à lui apprendre comment devenir une bonne personne.

Ce scénario est le point de départ de la série américaine The Good Place, monument d’humour absurde et de philosophie éthique. Le créateur, Michael Schur, a travaillé dès le départ avec des universitaires pour mettre en scène des dilemmes crédibles et épineux, sur lesquels les philosophes planchent encore.

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Classé dans Philosophie, Pop culture

« Apprendre, c’est aussi acquérir une intelligence du geste »

Pour expliquer l’évolution de l’espèce humaine, assure le psychologue François Osiurak, il ne suffit pas de dire que les individus se sont copiés les uns les autres sans rien comprendre à ce qu’ils faisaient. Leurs dispositions cognitives ont nécessairement joué un rôle.

Cette interview est parue sur Cortex Mag, site du LabEx Cortex, dédié aux fondements biologiques de la cognition.

Pourquoi l’espèce humaine est-elle la seule à avoir développé une culture technologique aussi poussée ? Et comment est-elle parvenue à transmettre ces connaissances au fil des générations ? Ces questions, à la croisée de l’anthropologie, des sciences cognitives et de la philosophie, taraudent les chercheurs depuis longtemps. L’hypothèse la plus répandue pour y répondre est que cette évolution a été rendue possible par les capacités d’imitation de l’être humain. Reproduire fidèlement un geste technique même sans comprendre les principes qui le sous-tendent suffirait à en assurer la transmission. Même s’il lui reconnaît des mérites, François Osiurak, spécialiste de psychologie et de sciences cognitives, ne la trouve pas satisfaisante, comme il l’expliquait déjà à Cortex Mag en 2016. Pour lui, il ne peut y avoir d’apprentissage sans une intelligence du geste. Ses derniers travaux renforcent cette hypothèse.

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Numérique, l’invasion intérieure

Les nouvelles technologies sont mobilisées pour préserver notre bien-être, mais cette “écoute” est à double tranchant, observe le philosophe Pierre Cassou-Noguès dans La Bienveillance des machines (Seuil, 2022). Cette chronique est parue dans Management (n° 306, décembre – janvier 2023), à découvrir en kiosque ou en ligne.

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« Nous devrons nécessairement limiter notre consommation »

Alors que la surconsommation épuise la planète, miser sur les bonnes volontés individuelles ne suffira pas, estime Thierry Ripoll. La solution devra être collective et politique. Cette interview est parue dans « Le monde en 2050 », les Grands Dossiers de Sciences Humaines n° 69 (Décembre 2022 – Janvier/Février 2023). À découvrir en ligne !

Thierry Ripoll est professeur de psychologie cognitive à l’université d’Aix-Marseille. Il vient de publier Pourquoi détruit-on la planète. Le cerveau d’Homo sapiens est-il capable de préserver la Terre ? (Le Bord de l’eau, 2022).

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Classé dans Politique, Psychologie

« Avatar met en scène deux formes d’écologie radicalement différentes »

Alors que la suite du blockbuster de James Cameron sort sur les écrans le 14 décembre, nous avons proposé à l’anthropologue Perig Pitrou d’analyser le premier opus. Par-delà nature et culture, quelles représentations du vivant se cachent derrière le message écologique du film ? Cette interview est parue dans le Journal du CNRS.

Grâce à son avatar, la scientifique humaine Grace Augustine (Sigourney Weaver) s’occupe d’enfants Na’vis, ici devant l’école qu’elle a créée avant que les choses ne se gâtent… ©Twentieth Century-Fox Film Corporation – Giant Studios – Lightstorm Entertainment

Le film Avatar et ses fameux Na’vis, extraterrestres à la peau bleue aux prises avec des Terriens avides de conquêtes, proposait en 2009 une fable écologique devenue le plus gros succès en salles de tous les temps. Quelle conception de la vie le film met-il en scène ?

Perig Pitrou (1). La première qualité de ce film est de présenter des singularités tout à la fois biologiques et sociotechniques. D’un côté, on croise sans cesse des formes de vie inconnues – animales, végétales, humanoïdes… – dans un environnement foisonnant. On découvre l’écologie de la planète imaginaire Pandora, notamment l’existence de systèmes de communication entre différentes espèces qui ne ressemblent à rien de ce que l’on connaît sur Terre.

La diversité des formes de vie (dans le film) est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux.

D’un autre côté, le film montre ce que cette communication implique d’un point de vue politique et social : les espèces vivent en communion les unes avec les autres, des cavaliers humanoïdes nouent un lien éternel et organique avec leur monture, les arbres parlent aux vivants et même aux morts… La diversité des formes de vie est un prétexte pour nous plonger dans un univers animiste, radicalement différent des schémas de pensée occidentaux. L’arrivée des humains sur cette planète, sous forme de complexe militaro-industriel et prédateur, accentue encore ce contraste. Ils ne comprennent pas ce qu’ils voient et tentent d’imposer leur vision du monde

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Picsou, miroir de nos excès

Cette chroniques est parue dans Sciences Humaines (n° 353 – Décembre 2022). À lire pour aller plus loin : L’Économie et les sciences sociales selon Picsou, Thierry Rogel, L’Étudiant éd., 2022.

« The Fabulous Philosopher’s Stone », Carl Barks, 1955

Dans la bande dessinée La Pierre philosophale (1955), le canard le plus riche du monde découvre le trésor de Midas. D’après la mythologie grecque, cette pierre philosophale transforme tout ce qu’elle touche en or… y compris son possesseur ! Le roi Midas dut y renoncer car il ne pouvait même plus boire ni manger. Picsou commence aussi à se transformer avant d’être sauvé par ses neveux. Il regrette cependant de perdre l’occasion de changer ses plumes en or pour les revendre. Comme souvent, ce multimilliardaire incarne les dérives de la cupidité. Mais d’autres traits peuvent lui être prêtés selon les récits.

« Les histoires de Picsou présentent de manière exacerbée l’ensemble des attitudes possibles à l’égard de l’argent », relève le professeur d’économie Thierry Rogel : la cupidité mais aussi l’avarice, la prodigalité (ou dépense compulsive), l’ennui, le cynisme et le refus de l’argent. « Il s’agit là de dérives de comportements normaux, poursuit T. Rogel. En effet, désirer avoir de l’argent pour le dépenser et faire face à un imprévu est normal, le désirer pour lui-même ne l’est pas. Être économe est une vertu, avare un vice (…). Au fond, Picsou nous montre jusqu’où on ne doit pas aller. »

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Vent de philo dans les bureaux

Avec l’arrivée de consultants d’un genre inédit, il souffle une inspiration nouvelle sur les entreprises. Leur mission : convertir manageurs et salariés en heureux disciples de Platon et de Montaigne. Cette enquête est parue dans Version Femina (n° 1077, semaine du 21 au 27 novembre 2022).

« Pour moi, le philosophe, c’était le vieux barbu sur la montagne », sourit Emiko Yamaguchi, responsable qualité, sécurité et environnement chez CVE, une société qui produit des énergies renouvelables à Marseille. Mais la consultante philosophe qu’elle contacte en 2019 n’a rien d’un ermite : Flora Bernard anime des forums et des conférences, face à des cadres parfois sceptiques, sur les grands enjeux philosophiques dans l’entreprise. Ce jour-là, elle interroge : « Suffit-il d’être vert pour être éthique ? » Et d’ailleurs, « Qu’est-ce que l’éthique ? » Les salariés débattent en petits groupes, Flora Bernard les invitant à noter leur définition. Emiko Yamaguchi est conquise. Cette expérience lui apprend que l’on peut vivre et agir, dans la vie et au travail, sans trahir ce que l’on est.

Une crise de sens

Il serait difficile, par exemple, de travailler dans une entreprise qui vante des solutions écologiques si, à la maison, on se moquait du tri ou de sa consommation énergétique… « On a besoin de cohérence », souligne Emiko Yamaguchi. « La question environnementale s’est imposée, les employés sont devenus soucieux de préserver leur vie privée et d’exercer un métier qui interroge autant le “pourquoi” que les manières de bien faire », estime le philosophe Ghislain Deslandes, auteur de À propos du management et d’un problème plus général (PUF, 2020).. Poussée par les salariés eux-mêmes, la philosophie d’entreprise a ainsi gagné en notoriété auprès des manageurs, confrontés à une crise de sens pour laquelle ils n’étaient pas formés. Comme d’autres, Emiko Yamaguchi s’est alors abonnée au site web Philonomist, consacré à une meilleure compréhension du monde du travail, avec des conférences, du conseil et un accompagnement sur mesure. Elle suit également les conférences en ligne de Julia de Funès, autrice de La Vie de bureau (J’ai lu, 2019), qui anime des débats en entreprises. Celles-ci, soucieuses de leurs responsabilités sociales et environnementales, s’interrogent de plus en plus sur le collectif ou l’art de diriger des troupes.

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Un jeu vidéo pour réviser la philo

Dans les rues de Paris, un SDF vous interpelle : « Je cherche un homme. » Vous avez le choix entre deux réponses : « Vous êtes perdu monsieur ? » ou « Et bien me voilà ! » Dans le premier cas, il répondra que c’est vous qui êtes perdu, et dans le second que vous ignorez ce qu’est un homme. Ce SDF provocateur, c’est Diogène de Sinope, philosophe emblématique du cynisme et premier protagoniste auquel vous êtes confronté dans le jeu vidéo Philo (Pocket Story) sur smartphone Apple et Android.

Cette application pédagogique permet de dialoguer avec dix auteurs classiques pour s’initier à leur pensée : Platon, La Boétie, Nietzsche… Huit scénarios supplémentaires doivent sortir plus tard. Bourré d’humour, servi par une direction artistique remarquable et solide sur le fond, c’est un parfait allié pour les lycéens en vue du bac – et pour les parents qui veulent se remettre à jour.

Cette brève est parue dans Sciences Humaines (n° 353, décembre 2022). Rendez-vous en kiosque et en ligne pour d’autres actualités.

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La culture, moteur de notre évolution

L’intelligence, le langage, les technologies humaines sont sans équivalents dans le reste du monde animal. Selon Kevin Laland, notre espèce a elle-même créé les conditions de ce développement exceptionnel.

Cette critique est parue dans Sciences Humaines (n°353 – décembre 2022), dans la rubrique « le livre du mois ». À découvrir en kiosque ou en ligne.

La Symphonie inachevée de Darwin, Kevin Laland, La Découverte, 2022, 450 p., 28 €

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