« Pas de différence de doctrine » entre luthériens et réformés

La création de l’Église protestante unie de France est fondée sur l’idée que les différences entre les deux familles (luthérienne et réformée) sont superficielles.

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Manuel Valls, à côté du president du conseil national de l'Eglise protestante unie de France, Laurent Schlumberger, lors de l'inauguration du premier synode national © GIRAUD FLORE/SIPA

Manuel Valls, à côté du president du conseil national de l’Eglise protestante unie de France, Laurent Schlumberger, lors de l’inauguration du premier synode national © GIRAUD FLORE/SIPA

Réunis pour leur premier synode national commun, le week-end dernier à Lyon, réformés et luthériens ont célébré la naissance de l’Église protestante unie de France (Epuf). Après être parvenues à un accord sur leur communion de foi en 1973, les deux familles se sont lancées dans un processus d’union institutionnelle en 2007, comme cela existe déjà en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et même en Alsace Moselle. Avec 350 000 fidèles en France, dont 22 000 luthériens, l’Epuf devient la première composante du protestantisme français.

Lors de la cérémonie, le président du Conseil national, Laurent Schlumberger, a dévoilé la philosophie de cette union : « Notre Église, et toute Église, est un des visages – un des visages seulement – de l’Église du Christ. Les institutions religieuses sont désormais marginales, les convictions sont individualisées, les affiliations fluctuantes ». Pour lui, « il n’y a pas de différences de doctrine, mais seulement de styles ». Lorsque luthériens et réformés débattent la manière de célébrer la liturgie par exemple, il y a des divergences ; mais s’ils abordent une question de fond, comme la fin de vie, « bien malin celui qui aurait pu dire [qui était qui] dans les prises de position… »

Dans les faits, les deux Églises partagent déjà un certain nombre de structures communes : leurs pasteurs sont formés à l’institut protestant de théologie ; elles ont fondé avec d’autres la Fédération protestante de France, font partie de la conférence des Églises européennes et mènent une action commune à travers le scoutisme, l’union chrétienne ou encore la fondation John Bost. Leur séparation résulte pourtant bien d’un différend théologique à l’origine : pour les luthériens, le Christ est réellement présent dans la Cène, y compris dans le pain et le vin. Les réformés croient qu’il n’est pas présent dans ces derniers. Plus généralement, le sacré est plus « visible » dans la liturgie luthérienne.

« La mission d’abord, les identités ensuite », insiste Laurent Schlumberger. Pour lui, le protestantisme doit répondre la montée de l’agnosticisme et de l’athéisme, désormais majoritaires en France, et à une pluralité spirituelle « que nous ne connaissions pas il y a encore une génération et demie ». En témoigne, notamment, la montée des Églises évangéliques… Dans ces conditions, le protestantisme ne peut plus être « la mouche du coche catholique », insiste-t-il ; il doit se renforcer et fédérer pour gagner en autonomie. D’ailleurs, les jeunes se définissent généralement comme « chrétiens », puis « protestants » avant de se dire « luthériens », « réformés » ou autre.

 

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