Franz-Olivier Giesbert, présentateur de l’émission et directeur du Point, revient l’émission « 2012 : Les grandes questions », qui entend mettre « la philosphie au cœur de l’actualité ».
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© Ulrich LEBEUF / FTV France 5
La philosophie est-elle la nouvelle vedette des médias ?
Aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été présente dans le débat public. Dans les années 50, les lecteurs de presse suivaient déjà l’affrontement de Sartre et Camus… En revanche, elle est peut-être plus grand public aujourd’hui. Au Point par exemple, nos hors-séries sur Nietzsche, Platon ou les fondements philosophiques du libéralisme ont fait un carton. On dirait qu’il y a quelque chose d’attirant et de prestigieux, même dans le mot « philosophie ». Ça n’a peut-être pas toujours été le cas.
Vos invités sont Michel Onfray, Edgar Morin, Cynthia Fleury… toujours les mêmes ?
Nous n’avons pas voulu prendre de risque pour la première, je le reconnais. Nous avons sollicité des philosophes déjà très médiatisés, qui acceptent de jouer le jeu de la télévision… Nous espérons séduire un large public grâce à ces visages connus et appréciés. À l’avenir, nous essayerons de renouveler les visages. D’ailleurs, l’audience s’effondrerait vite si les invités étaient toujours les mêmes.
Vous avez déclaré en 2003 : « Autant j’aime la philosophie, autant j’estime que, par la suite, elle a été obscurcie par un jargon envahissant — voyez Spinoza qui pourtant me passionne ! »
J’avais oublié ça, mais c’est tellement vrai. L’Ethique est un livre qui a bouleversé ma vie. J’étais très croyant, et sa critique de l’anthropocentrisme a fait mouche. En même temps, il faut bien reconnaître que Spinoza ne fait pas beaucoup d’efforts : « propositions », « scolies », « appendices »… Peut-on intéresser un large public en parlant de ça ? C’est une vraie question… À titre personnel, je préfère la drôlerie, la virulence et la violence de Nietzsche, même si Spinoza a davantage structuré ma pensée.
Quel rôle a joué votre mère, professeur de philosophie, dans votre conception du journalisme et de la télévision ?
Ma mère était plutôt cartésienne et me parlait beaucoup de philosophie à la maison. Par la suite, j’ai probablement exercé mon métier avec plus de recul. Par ailleurs, je crois surtout que la philosophie, c’est la vie, c’est l’agora. C’est pour ça que j’ai voulu tourner l’émission dans des lieux de vie. Pour parler de l’argent, nous sommes allés dans une galerie commerciale. Nous changerons à chaque tournage, selon le thème.